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Guingamp: l'activité de la maternité suspendue pour au moins deux mois faute de personnel

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Les syndicats redoutent une suspension d'activité qui pourrait aller jusqu'à quatre mois, dans cet établissement qui manque de sages-femmes, de gynécologues ou encore de médecins anesthésistes.

Une nouvelle illustration du manque de personnel soignant en France. Mi-avril, l’Agence régionale de santé a pris la décision du suspendre durant au moins deux mois les accouchements à la maternité de Guingamp, dans les Côtes-d'Armor. La raison: des équipes décimées et épuisées par l'absence de sages-femmes, gynécologues ou encore médecins anesthésistes.

"Est-ce qu'on va m'accueillir?"

Dans cette ville d'un peu plus de 7000 habitants, la colère laisse place à l'inquiétude, en particulier chez les femmes enceintes. Mallory, qui a eu son premier enfant dans cette maternité, doute qu'elle puisse de nouveau accoucher ici, elle qui est de nouveau enceinte de quelques mois. Malgré la fermeture de deux mois, les syndicats redoutent en effet une suspension des activités d'au moins quatre mois.

"On n’a pas mal de choses à gérer. On ne sait pas comment va se passer le jour de l’accouchement, et quand on ne sait pas en plus où on va accoucher, c’est du stress, c’est compliqué à gérer", raconte-t-elle sur BFMTV.

Le jour de l'accouchement justement, si la maternité n'est pas rouverte d'ici-là, alors Mallory sera contrainte d'être conduite en voiture dans un autre hôpital, situé à plusieurs dizaines de minutes de Guingamp.

"Le jour où je vais me présenter dans une autre maternité, est-ce qu’on va m’accueillir? Je ne connaîtrai pas forcément les lieux, les équipes. La peur c’est de se retrouver à accoucher dans la voiture", déplore-t-elle.

"Stratégie du pourrissement"

Localement, la population se mobilise contre cette décision. Ouest-France annonce que ce mercredi, le comité de défense de l’hôpital public et de l’offre de soins du pays de Guingamp organise une réunion publique avant une grande manifestation organisée le 24 juin "pour le droit de naître, vivre, se soigner, travailler et décéder au pays!", dit le comité dans un communiqué.

"Cette situation était prévisible puisqu’on a dénoncé dès le départ une stratégie du pourrissement qui consistait à dissuader les équipes de rester et les éventuelles recrues de venir à Guingamp. Ça a fonctionné, c’est une équipe épuisée qui a besoin de se protéger", dénonce pour sa part sur BFMTV Yann-Fanch Durand, co-président du comité.

La situation guingampaise n'est pas unique dans le pays. Selon un rapport présenté à l’académie de médecine, en France, 30% des petites maternités ont disparu en 10 ans faute de personnel. Dans ce même rapport, il est indiqué qu'il est "illusoire de soutenir" les maternités réalisant moins de 1000 accouchements annuels, désespérément destinées à disparaître.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV