Un rapport juge nécessaire "une réduction accrue du nombre de maternités" en France

Faute d'effectifs soignants suffisants, "une réduction accrue du nombre de maternités" est nécessaire, selon un rapport présenté à l'Académie de médecine qui juge "illusoire de soutenir" celles réalisant moins de 1000 accouchements par an.
Manque d'attractivité, postes vacants, recours à l'intérim: comme le reste de l'hôpital, les maternités n'échappent pas aux pénuries de personnels. Cette "crise démographique sans précédent" explique déjà la baisse continue du nombre de maternités, tombé à 471 fin 2021, souligne ce rapport.
L'Académie de médecine n'a pas encore voté en séance plénière ce document rédigé sous la houlette du gynécologue Yves Ville, chef du service d'obstétrique de l'hôpital Necker à Paris. Mais ses conclusions, d'abord dévoilées dans Le Parisien, tranchent dans le vif.
"Quand elles ferment, c’est qu’elles sont à bout de souffle, c’est-à-dire qu’elles ont dysfonctionné pendant plusieurs mois ou plusieurs années avant d’arriver à l’inéluctable fermeture. Ce que ce rapport propose, c’est d’anticiper cela en l’organisant, et en évitant ces périodes d’insécurité qui précèdent la fermeture", dit l'auteur du rapport à BFMTV.
"Regrouper" les maternités
Ses auteurs estiment qu'"une politique adaptée en matière de périnatalité devrait s'appuyer sur une réduction accrue du nombre de maternités" et jugent "illusoire de soutenir une activité de moins de 1000 accouchements" par an alors que "plus de 80%" des services en-dessous de ce seuil "sont en tension démographique sévère".
Leur "regroupement" avec les grandes maternités voisines "supprimerait 111 implantations" sur les 452 sites en métropole, la vingtaine de structures en outre-mer devant "faire l'objet d'un examen particulier".
Cette réorganisation dégraderait légèrement l'accès aux soins: la part des grossesses résidant à moins d'une demi-heure de la maternité la plus proche reculerait de près de cinq points, à 89%.
"Les femmes, dans cent maternités, sont moins en sécurité que sur des plateaux techniques qui vont pouvoir l’assurer parce qu’ils ont été faits pour ça", insiste le professeur Yves Ville.
L'effet serait toutefois concentré dans les zones montagneuses, "difficiles d'accès et à faible densité de population", tandis que les grandes métropoles comme Paris, Marseille, Lille, Nantes et leurs environs seraient épargnées.
Mais "seules de grandes structures seront à même de proposer une offre et une qualité de soins exigées par les usagers comme par les professionnels", affirme le rapport qui appelle à "renforcer les moyens humains" de ces services afin qu'ils ne soient plus "caricaturés comme des 'usines à bébés.'"