Grossesse: les causes des nausées des femmes enceintes identifiées dans une nouvelle étude

Un mal longtemps mystérieux. Alors que de nombreuses femmes souffrent de nausées pendant leur grossesse, les raisons de ce mal restaient jusqu'à présent inconnues. Une étude, publiée mercredi 13 décembre dans la revue scientifique Nature, révèle qu'une hormone a été identifiée comme étant à l'origine de ce symptôme.
Au moins deux tiers des femmes concernées
Souffrant elle-même de nausées pendant sa grossesse dont elle ignore la raison, la chercheuse américaine Marlena Fejzo, du centre d'épidémiologie génétique de l'université de Californie du Sud, aux États-Unis, décide de ne pas rester les bras croisés.
"Quand j'étais enceinte, j'étais si malade que je pouvais à peine bouger sans avoir la nausée", raconte-t-elle dans un communiqué.
"Cherchant des explications, j'ai pris conscience de la faiblesse des connaissances sur ce trouble pourtant très fréquent", développe-t-elle.
De fait, le symptôme touche deux tiers des femmes enceintes et adopte une forme grave chez près d'un tiers (30%) d'entre elles, s'accompagnant de vomissements et dans certains cas d'une hospitalisation. La vie de la mère et celle du fœtus sont alors menacées. On dit que la future mère souffre d'hyperémèse gravidique.
Une protéine identifiée
Avec des chercheurs de l'université de Cambridge et de l’université sri-lankaise de Kelaniya, Marlena Fejzo prend la question à bras-le-corps. De longues recherches sont menées auprès de milliers de femmes enceintes et les scientifiques identifient finalement une hormone.
Appelée GDF15, cette hormone est plus précisément une protéine très présente dans l'organisme. Elle avait déjà été mise en lien avec les nausées que connaissent de nombreux malades du cancer. D'autres études ont depuis été menées, confirmant cette hypothèse.
Mais comment expliquer que certaines futures mères souffrent de ces nausées et pas d'autres? D'après les chercheurs, les femmes dont les taux de GDF15 apparaissent comme plus élevés que la moyenne pendant une grossesse, mais plus faible que les autres le reste du temps, semblent être les plus à risque.
La cause? Une rare variation génétique identifiée par les scientifiques. Elle pourrait rendre certaines femmes plus susceptibles de souffrir de fortes nausées. Concrètement, elle contribuerait à ce que ces femmes produisent peu de GDF15 en temps normal et à ce que la présence de cette protéine grimpe ensuite en flèche pendant une période de grossesse. Cet écart important causerait ces fameuses nausées.
L'espoir d'un traitement
Cette variation génétique n'est pas présente chez toutes les espèces. "C’est un phénomène qui ne se produit que chez certaines espèces de primates très développées. Nous supposons que c’est dû à l’évolution: un signal est envoyé au cerveau de la mère dès le début de la grossesse, afin qu’elle ait une aversion envers certains types d’aliments qui pourraient être dangereux pour le fœtus", estime le professeur Sir Stephen O’Rahilly de l’université de Cambridge, co-auteur de l'étude parue dans Nature.
Outre le fait qu'elle explique possiblement les nausées, la protéine GDF15 pourrait aussi être à l'origine d'un autre phénomène propre aux femmes enceintes. "Environ 90 % des femmes enceintes déclarent avoir une forte aversion pour certains aliments ou certaines boissons au début de la grossesse. Ce n’est pas prouvé pour le moment, mais il y a toutes les chances que ce soit dû à GDF15", assure le scientifique.
On ignore toutefois encore à l'avance quelles femmes vont souffrir ou non de ce trouble au cours de la grossesse. Marlena Fejzo nourrit cependant un espoir. "Maintenant que nous comprenons la cause de l’hyperémèse gravidique, nous avons fait un pas de plus vers un traitement efficace, qui pourrait éviter aux futures mères d’éprouver ce que moi et tant d’autres femmes avons dû éprouver", veut désormais croire la chercheuse.