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Fermer les frontières, une stratégie efficace face au Covid-19 et ses variants?

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Le Maroc, le Japon, Israël... De nombreux pays se barricadent en urgence face au variant Omicron dans l'espoir de protéger leur population, et ce malgré les recommandations de l'OMS et une efficacité discutée.

Face au variant Omicron, la liste des pays qui décident de fermer leurs frontières s'allonge. Ce lundi, le Japon a annoncé interdire toutes nouvelles entrées de ressortissants étrangers sur son territoire. Une décision qui prendra effet mardi. Mais ces mesures de protection sont-elles vraiment efficaces contre le Covid-19?

L'Organisation mondiale de la santé semble en douter. Dimanche, elle a appelé à ce "que les frontières restent ouvertes", incitant les pays à "adopter une approche scientifique", basée sur "l'évaluation des risques".

Déjà en février 2020, le directeur de l'Institut de santé globale à l'université de Genève Antoine Flahault estimait dans les colonnes de l'Express cette mesure "inefficace et illusoire".

"Au moment où l'on l'instaure la fermeture des frontières, le virus s'est déjà diffusé suffisamment pour que cela ne soit pas efficace", ajoutait-il.

Des frontières barricadées aux quatre coins du monde

Pourtant, à l'annonce de la détection d'un nouveau variant du Covid-19, baptisé Omicron, de nombreux pays ont mis en place des restrictions de circulation. Tout comme le Japon, le Maroc et Israël ont pris la décision de barricader leur territoire.

Rabat a interdit tous les vols commerciaux à destination du Maroc à partir de ce lundi à 23h59 et Jérusalem a fermé ses frontières aux étrangers dès dimanche.

L'Union européenne ainsi que les États-Unis, le Canada, la Russie ou l'Arabie Saoudite ont décidé d'interdire temporairement leur territoire aux personnes venant d'Afrique australe. Sept pays sont concernés: l'Afrique du Sud, le Lesotho, le Botswana, le Zimbabwe, le Mozambique, la Namibie et l'Eswatini (ex-Swaziland).

Peu de sens "scientifiquement"

Le virologue Tulio de Oliveira, qui travaille en Afrique du Sud, a estimé que les interdictions de voyager n'ont "scientifiquement pas beaucoup de sens" dans la lutte contre le Covid.

Washington avait imposé une interdiction similaire à la Chine au début de la pandémie, avant de se retrouver avec le nombre le plus élevé d'infections, a-t-il rappelé. Sans compter qu'il arrive que ces décisions ne soient pas conjointes ce qui rend les mesures facilement contournables.

"Fermer les frontières avec le Royaume-Uni [en janvier dernier NDLR], ça ne ressemblait pas franchement à grand-chose dans la mesure où les gens passaient par la Belgique ou par la Hollande" qui font, elles, partie de l'espace Schengen, a illustré Jean-Paul Hamon. Pour le président de la Fédération des Médecins de France, "il faut avoir une fermeture des frontières qui soit vraiment cohérente".

Prendre le problème à l'envers

De son côté, l'Afrique du Sud a regretté cette série d'interdictions de voyages qu'elle vit comme "une punition" et qui pourrait créer un effet dissuasif dans la transparence sur les informations liées au coronavirus. Le président sud-africain estime que les pays occidentaux prennent le problème à l'envers.

"Au lieu d'interdire les voyages, les pays riches doivent soutenir les efforts des pays en voie de développement pour accéder et fabriquer sans délai suffisamment de doses de vaccin pour leur population", a tancé Cyril Ramaphosa.

L'Organisation mondiale de la santé reproche régulièrement aux pays riches un manque de partage des doses alors que le continent africain accuse un retard important en matière de vaccination par rapport au reste du monde.

Capture écran d'une carte montrant la couverture vaccinale mondiale sur le site de l'Organisation mondiale de la santé au 26 novembre 2021.
Capture écran d'une carte montrant la couverture vaccinale mondiale sur le site de l'Organisation mondiale de la santé au 26 novembre 2021. © Capture écran/WHO

"Risque d'émergence de nouveaux variants"

"L'accès inéquitable aux tests de Covid-19, aux traitements et aux vaccins prolonge la pandémie dans le monde entier et présente le risque de l'émergence de nouveaux variants plus dangereux qui pourraient échapper aux moyens de lutte existant contre la maladie", martelait l'OMS fin octobre. 

Selon le docteur Thierno Baldé, chef des opérations de réponse au Covid-19 pour le bureau Afrique de l'OMS, "ces virus-là n’ont pas de frontière, ils ne connaissent pas nos frontières donc ils continueront de circuler."

Et effectivement, le variant Omicron a déjà été repéré notamment aux Pays-Bas, en Israël, au Danemark, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Belgique, en Italie, en Australie, à Hong Kong... Et en France, 8 cas suspects sont en cours d'analyse.

Diane Regny