Faut-il s'inquiéter de "Centaure", le nouveau variant d'Omicron?

Test antigénique pratiqué à Paris, le 6 juillet 2022. - AFP
Deux ans et demi après notre rencontre et notre cohabitation forcées avec le Covid-19, la survenue d'un énième variant du virus n'a plus rien pour nous surprendre. Au fil des mois, la patientèle mondiale a parcouru la distance séparant Alpha de Delta dans l'alphabet grec. L'humanité s'est ensuite familiarisée avec Omicron et ses très nombreuses ramifications. Chacune de ces nouvelles incarnations de la maladie soulève la même question, lancinante: assiste-t-on à la montée en puissance d'une version plus contagieuse et sévère du coronavirus? C'est pourquoi la découverte d'un nouveau variant, baptisé B.A.2.75 ou "Centaure", ces dernières semaines, suscite la préoccupation des scientifiques.
Les institutions sanitaires internationales réservent encore leur réponse quant à une éventuelle nocivité accrue de Centaure par rapport à ses devanciers mais les spécialistes pointent son potentiel de mutation. Une inquiétude dont le Guardian s'est fait l'écho ici.
Une large circulation
Pour mieux le connaître, il s'agit d'abord d'en retracer la genèse. Il est initialement apparu en Inde au début du mois de mai. Et en deux mois d'existence, il a déjà eu le temps d'atteindre dix pays dont le Royaume-Uni mais aussi les Etats-Unis, l'Australie, l'Allemagne, le Canada. Liste à laquelle RTL ajoute encore le Japon.
Le variant Centaure n'a pas encore été détecté en France à ce stade mais la saison est propice au renforcement de sa circulation, comme l'a relevé Geert Molenberghs, expert en biostatistique, s'exprimant auprès du quotidien belge Niewsblad. "Après s’être rapidement propagé en Inde, on devrait le voir se répandre dans le monde entier à grande vitesse en cette période de vacances", a-t-il estimé, selon une traduction fournie notamment par La Libre Belgique.
La question des mutations
Ainsi, la fluidité de cette nouvelle édition du SARS-CoV-2 ne fait guère de doute. Quant à sa dangerosité, en revanche, elle est encore nébuleuse. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies attend pour voir... mais le garde à l'oeil. L'instance l'a en effet désigné comme "variant à surveiller" jeudi dernier. L'Organisation Mondiale de la Santé se montre également vigilante. Cependant, l'institution a expliqué que les données étaient encore trop peu nombreuses à ce stade pour se faire une religion sur le sujet.
Mais côté britannique, on s'alarme déjà de l'une des dimensions de ce problème émergent: les mutations qu'il comporte. Tom Pecock, virologue affilié à l'Imperial College de Londres, a ainsi développé auprès du Guardian: "Il ne s'agit pas tant des mutations en soi mais de leur nombre et de leurs combinaisons. il est difficile de prévoir l'effet de l'apparition conjointe de tant de mutations - ça donne en quelque sorte au virus une carte blanche où la somme des parties s'avérerait plus néfaste que ces parties prises individuellement".
Pour l'heure, le variant du Centaure est avant tout affaire de projections cependant.
