Faut-il porter le masque sur les plateaux TV ?

Masque - DENIS CHARLET © 2019 AFP
La télévision sera-t-elle exemptée du port du masque? Le masque deviendra obligatoire dès le 1er septembre dans toutes les entreprises françaises mais, sur les plateaux de radio et de télévision, la question n'est encore tranchée. "En l'état des règles", invités comme présentateurs devraient porter le masque, avait laissé entendre la semaine passée sur BFMTV la ministre du Travail qui a, depuis, saisi le Haut Conseil de la santé publique pour évaluer de potentielles dérogations lorsque les autres gestes barrières sont correctement respectés.
"Je souhaite que l'on puisse regarder les dérogations qui seront possibles à la fois pour les activités pour lesquelles c'est très pénalisant, mais aussi quand on voit qu'on a d'autres façons de se protéger, lorsque la distanciation physique est amplement respectée", a-t-elle confirmé ce matin sur Europe 1, alors que l'avis des scientifiques est attendu ce vendredi. Les radios et les chaînes de télévision, invoquant des difficultés de compréhension, des problèmes de son ou l'inclusion de téléspectateurs sourds et malentendants, espèrent pouvoir déroger à la règle pour leurs présentateurs.
"Je ne vous cache pas que je serais plus à l’aise avec un masque", a néanmoins reconnu ce lundi matin, l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, lors d'une interview sur l'antenne de RMC/BFMTV. Même s'il dit comprendre "tout à fait" les arguments journalistiques et techniques, le spécialiste estime que "d'un point de vue purement sanitaire" les présentateurs devraient porter un masque "parce qu'on est en espace clos, parce (qu'ils ont) des invités qui ont beaucoup de contacts, qui sont potentiellement à cette phase pré-symptomatique où ils pourraient être excréteurs de virus", et donc le transmettre.
Contamination par aérosols
Pour l'épidémiologiste, outre la distanciation sociale ou le masque en régie, la question majeure est surtout celle de la ventilation des studios, même dans le cas de grands volumes. "Il faut que vous ayez une aspiration d’air, qu’il n’y ait pas de recirculation d’air", explique-t-il. Plusieurs publications publiées cet été ont en effet fait état, dans les espaces confinés et partagés, d'une propagation du virus par les aérosols, ces gouttelettes suspendues dans l'air et potentiellement contaminantes.
"Evidemment, il n'y a pas de mesure d'exception. Les journalistes n'ont pas un statut particulier qui ferait qu'on ne porte pas un masque parce qu'on est journaliste. En revanche [dans nos locaux] on a pris toutes les mesures pour sanctuariser les choses", a assuré ce matin sur France Inter le directeur général de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel. Imposer le port du masque sur les plateaux de télévision serait "inutile, anxyogène et handicapant" si les autres gestes barrières sont respectés, a-t-il assuré.
"S'il y avait un risque sanitaire avéré, il n'y aurait pas de raison qu'on déroge à une règle. Cela fait maintenant plusieurs mois qu'on est confrontés à cette crise, pas une personne n'est tombée malade sur nos plateaux", a poursuivi Marc-Olivier Fogiel, rappelant le port systématique du masque pour les reportages dans les lieux où le masque est obligatoire.