Aérosols, flux d'air: les fondements scientifiques de l'obligation de porter un masque en entreprise

Photo d'illustration - CLEMENT MAHOUDEAU
D'ici au 1er septembre, les entreprises devront fournir des masques à leurs salariés. Charge, alors, pour ces derniers de le porter tout au long de leur journée de travail dans les espaces clos et partagés de la société. Telle est la teneur de l'annonce faite par Elisabeth Borne, ministre du Travail, mardi.
Pour justifier la floraison prochaine des bouts de tissus dans les salles de réunion et les open spaces, la ministre a expliqué sur BFMTV: "Nous tirons les conséquences de l'avis rendu vendredi dernier par le Haut conseil de la santé publique qui prend en compte le risque de propagation du Covid-19 par aérosols".
Des gouttelettes contaminées
Daté du 23 juillet, l'avis dudit Haut conseil de la santé publique se fonde, signale l'institution elle-même, sur les publications détaillant les cas de contamination dans des lieux fermés, restaurants ou encore espaces de travail. Ces atmosphères closes sont donc au centre des considérations car des aérosols peuvent y circuler. Le terme d'aérosol désigne des gouttelettes expulsées par un malade, restant suspendues dans l'air, et contaminantes.
Le 4 juillet dernier, 239 scientifiques avaient rédigé une lettre ouverte adressée à l'Organisation mondiale de la Santé demandant de ranger le SARS-CoV-2 (sigle officiel du coronavirus) parmi les virus à transmission aéroportée. L'OMS avait d'ailleurs bientôt abondé en ce sens.
Le HCSP, rappellait qu'il a déjà rendu deux avis explorant ce type de contamination et plaidait pour le renforcement des mesures sanitaires dans les intérieurs. Il citait les conditions favorisant la diffusion de la maladie dans les espaces partagés et fermés, conditions dont le port du masque devrait prémunir les employés: les modalités de la ventilation et les flux d'air, les basses températures et l'humidité, et la pratique éventuelle d'efforts physiques dans ces zones.
Des données préoccupantes
Jean-Daniel Lelièvre, chef du service infectiologie au sein de l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, a mentionné au Parisien une raison supplémentaire: "Du fait de l'augmentation du taux d'incidence actuel, le fait de porter un masque dans un lieu clos apparaît comme quelque chose d'assez adapté."
Le taux d'incidence recense le nombre de cas positifs pour une population donnée de 100.000 habitants. Il permet de mesurer avec la vivacité de la circulation du virus dans chaque territoire Or, la carte de l'agence Santé Publique Française consacrée à cet indicateur, montre que plusieurs départements de l'Hexagone exhibent des taux d'incidence au-delà du seuil d'alerte: la Guyane avec un indice établi à 106,3, les Bouches-du-Rhône avec un indice de 82,6, Paris, avec 75,1, la Sarthe, avec 52,5, et le Val-de-Marne, mesuré à 52,1.
Au plan national, l'agence souligne par ailleurs que le taux de positivité des tests est désormais de 3%. Ces données, surveillées comme le lait sur le feu par les spécialistes et les autorités, ont beaucoup contribué à dessiner le paysage dans lequel ce nouveau tour de vis sanitaire s'est imposé.
