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Santé

Face au manque de moyens à l'hôpital, la prise en charge des victimes d'AVC en situation "critique"

Dans le service de neurologie de l'hôpital Bichat à Paris, seuls quatre lits sont ouverts contre 28 habituellement.

Dans le service de neurologie de l'hôpital Bichat à Paris, seuls quatre lits sont ouverts contre 28 habituellement. - BFMTV

Les chefs de service d'unités neurovasculaires d'Ile-de-France alertent dans une tribune sur le manque de moyens et d'effectifs. Conséquences, des risques accrus de handicap et de mortalité pour les patients.

Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, les chefs de service d'unités neurovasculaires (UNV) en Ile-de-France s'alarment du manque de moyens et des conséquences sur la prise en charge des patients victimes d’accidents vasculaires cérébraux (AVC).

En France, il y a 150.000 nouveaux cas d'AVC chaque année. Il s'agit de la "première cause de handicap acquis chez l’adulte, deuxième cause de démence et troisième cause de mortalité". L'AVC touche une personne toutes les cinq secondes dans le monde, selon l'OMS qui parle même de "pandémie". Les signataires de la tribune alertent donc sur l'importance de donner des moyens pour les unités spécialisées.

En Ile-de-France, 12% des lits d’UNV sont fermés. A Paris, la situation est encore plus alarmante avec près d'un lit sur trois fermé (71 lits sur les 258) et 50% des postes infirmiers non pourvus. Selon les signataires de la tribune, le fait que les patients victimes d'AVC soient pris en charge dans des UNV est primordial. Ces unités pluridisciplinaires sont composées de personnel formé spécifiquement en neurologie vasculaire qui travaille en coordination. Ainsi, une telle prise en charge réduit de 25% la mortalité et le handicap. Toutefois, en 2009, un rapport alertait déjà que seuls "20% des patients présentant un AVC y [étaient] pris en charge".

"Cette efficacité repose d’une part sur une prise en charge multidisciplinaire réalisée par une équipe composée d’infirmiers, d’aides-soignants, de kinésithérapeutes, d’ergothérapeutes, d’orthophonistes et de médecins formés à cette pathologie, et d’autre part sur les procédures de recanalisation artérielle, la thrombolyse et la thrombectomie", apprend-t-on dans la tribune.

"Chaque minute compte à la phase aiguë d’un AVC". Les conséquences sont graves pour les patients si le manque de moyens et d'effectifs allonge les délais de prise en charge pour trouver une place. Le risque de handicap et de mortalité augmente rapidement.

Mise en danger des patients

Tous les chefs de service d’UNV d’Ile-de-France sont signataires de la tribune. Tous estiment que la situation est "critique" et "sans précédent". Elle s'inscrit notamment dans un contexte plus large de crise de l'hôpital en général. Une récente enquête a révélé que près de 20% des lits sont fermés dans les CHU et les CHR en raison d'une pénurie de personnel.

"Pendant des années, le manque de personnels a touché principalement les services de gériatrie, de psychiatrie, de soins de suite. Il touche aujourd’hui tous les secteurs du soin et nos UNV sont frappées de plein fouet", expliquent les chefs de service.

Selon les signataires, la situation s'est aggravée depuis l'été 2021 et un nombre croissant de lits d'hospitalisation a du être fermé. Ce nombre était déjà insuffisant en temps "normal" pour accueillir tous les patients souffrant d’AVC. Aujourd'hui, l’insuffisance de l’offre de soins et la dégradation de la qualité de soins du fait du sous-effectif chronique de personnels soignants dans les UNV mettent en danger les patients. De plus, une telle situation entraîne parfois une priorisation des patients.

Salomé Robles