En Guadeloupe, pompes funèbres et cimetières sont submergés par les morts du Covid-19

La situation est extrêmement préoccupante aux Antilles. Alors que le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a annoncé ce mercredi que la rentrée scolaire serait reportée au 13 septembre dans plusieurs territoires d'outre-mer dont la Guadeloupe, la tension hospitalière reste forte sur cette île qui connaît une flambée de l'épidémie de Covid-19.
"Tension funéraire"
Signe de l'urgence de la situation, la semaine passée, au CHU de Guadeloupe, la direction de l'établissement indiquait que la morgue était saturée. "Nous avons 15 places plus une chapelle ardente réfrigérée qui peut accueillir une trentaine de corps", détaille Gérard Cotellon, sous le contrôle de la légiste du CHU Tania Foucan. Une mortalité galopante qui, au quotidien, pose de nombreux problèmes aux entreprises de pompes funèbres, qui ne parviennent pas à gérer l'afflux de nouveaux défunts.
"Depuis 15 jours, c’est monté à un rythme effréné", explique à notre antenne Bruno Mançon, gérant de l'une de ces sociétés, qui croule sous les dossiers. Alors qu'en temps normal ce dernier s'occupe d'une dizaine de cérémonies mensuelles, il doit désormais en gérer "2 à 3 par jour, ça dépasse tout entendement, je ne trouve pas les mots."
"On met les corps partout, en haut en bas, nous connaissions la tension hospitalière, on vit la tension funéraire", assure-t-il, alors que 76 Guadeloupéens ont trouvé la mort la semaine passée.
"Les morts défilent"
Par ricochet, cette augmentation de la mortalité est également la cause d'embouteillages dans les cimetières guadeloupéens, où les familles doivent parfois attendre plusieurs semaines avant d'inhumer un proche. "On aurait bien pu prendre ici pour une inhumation, mais c’est sur l’allée", indique à notre caméra le conseiller funéraire Josias Ramlall, désignant l'un des derniers espaces libres disponibles.
Dans un reportage dédié à ce sujet, le média local RCI a rendu visite à Lilian Fazer, fossoyeur, qui décrit son glaçant quotidien.
"Pendant trois jours, on peut enterrer 16 morts, et il y en a d’autres qui viennent derrière. Il faut courir, c’est du Covid, du Covid, en file indienne. Heureusement qu’on n’enterre pas les gens le dimanche et le samedi après-midi, j’en ai marre. Les morts défilent, ça fait trois semaines que ça dure. Il faut prendre conscience, il ne faut pas jouer avec ça", avertit-il.
Vaccination en hausse
La prise de conscience, les Guadeloupéens l'ont probablement eue alors que les malades se multipliaient ces dernières semaines, dans un contexte de défiance fort en ce qui concerne la vaccination. À l'aéroport de Guadeloupe, où se tient le principal centre de vaccination contre le Covid-19 de l'île, "depuis 15 jours il y a une affluence permanente", a indiqué lundi à l'AFP Tony Jerpan, médecin-chef du SDIS de la Guadeloupe, référent du vaccinodrome.
"Le rythme de la vaccination augmente depuis un mois, mais depuis plusieurs jours on dépasse les 500 vaccinations par jours sur ce site", a-t-il précisé. "Nous sommes même montés jusqu'à 700 personnes". Lundi, la Guadeloupe a dépassé les 100.000 primo-vaccinés, en plus des 20% de Guadeloupéens dont le schéma vaccinal est complet.
Nouvelles morgues en chantier
Dans l'attente d'un effet de la vaccination, les pompes funèbres, qui devraient encore être saturées dans les jours à venir, s'organisent tant bien que mal. Selon Guadeloupe la 1ère, plusieurs entreprises ont été forcées de construire de nouvelles morgues pour faire face à la situation.
"La nouvelle morgue sera au fond. Ce sont des casiers et il y en a environ 5 ou 6. Dans notre première installation, il y a essentiellement des personnes décédées de la Covid. Nous confirmons une augmentation des décès", conclut Francette Março, la gérante des lieux.
Un cas de figure qui n'est malheureusement pas unique. En février dernier, c'est l'île de Mayotte qui avait été frappée par un manque de cercueils en raison d'une poussée sans précédent de l'épidémie.