Dry January: quels sont les bénéfices immédiats et à long-terme pour la santé du mois sans alcool?

"Moins on boit, mieux c'est." Après les excès des fêtes, vous vous apprêtez peut-être comme de nombreux Français à arrêter l'alcool pendant un mois, le temps du fameux Dry January que l'on doit à nos voisins britanniques.
Cette opération, promue par un consortium d'associations de lutte contre les addictions à l'alcool, a pour but de faire prendre conscience à chacun de sa consommation et des risques que celle-ci comporte pour sa santé. Car poser son verre de vin, de bière ou de digestif, même le temps d'un simple mois, a de réels bienfaits pour notre organisme à court, moyen et plus long terme.
Des bienfaits immédiats
Grâce au mois sans alcool, "il y a des bienfaits que l’on ressent immédiatement: on dort mieux, on a une meilleure concentration, on se sent mieux", souligne le médecin Bernard Basset, président de l'association Addictions France. "Les fonctions hépatiques se régularisent (...), le foie fonctionne normalement."
Un constat appuyé par Pierre Arwidson, médecin et directeur adjoint de la prévention et de la promotion de la santé chez Santé publique France. Après le Dry January en 2018 outre-Manche, "71 % des participants déclaraient avoir mieux dormi, 70% se sentaient mieux, 67% avaient plus d’énergie et 58% avaient perdu du poids", détaille-t-il, citant une étude réalisée en 2020 par le professeur britannique Richard de Visser.
Le "défi de janvier" - la version française du Dry January - a des "bienfaits que l’on ne voit pas forcément et qui sont très importants", poursuit Bernard Basset. "On a la tension qui baisse - c’est mécanique quand on arrête de boire de l’alcool - et on perd du poids, à condition de ne pas remplacer (l'alcool) par des boissons sucrées."
"Et moins on boit, moins on a de risques de favoriser les maladies vasculaires et cancéreuses", ajoute le spécialiste.
200 maladies liées à l'alcool
Car la consommation d'alcool est impliquée dans plus de 200 maladies, lésions traumatiques ou autres états pathologiques, dont des canders (notamment ceux du sein, du foie, de la tête du cou, et de l'oesophage et le cancer colorectal) rappelle l'Organisation mondiale de la Santé. En France, 41.000 décès sont attribués à la consommation d'alcool chaque année, selon Santé publique France.
Face à ces morts évitables, plusieurs études ont montré que les participants du mois sans alcool avaient durablement modifié leurs habitudes de consommation à l'issue de cette période de sobriété. Une étude lyonnaise révélée vendredi par RMC montrait que trois mois après le Dry January, près de deux tiers avaient diminué leur consommation d’alcool que ce soit en fréquence ou en quantité.
"Après le défi de janvier, les gens consomment moins parce qu’ils se sont affirmés", observe Bernard Basset. "Ils ont réalisé que toutes les occasions de boire ne devaient pas forcément être honorées, qu’on n'était pas obligés de boire à tous les coups." "Et ils se sont aperçus qu’on se sentait mieux sans alcool, donc ils reprennent à un volume moindre et ça, c’est bon pour la santé", ajoute le médecin, pour qui l'opération n'est ni "moraliste", ni "triste".
Et de résumer: "Toute consommation d’alcool est négative pour la santé. Moins on boit, mieux c’est."
"Il n’y a pas de bénéfices sanitaires à la consommation d’alcool", abonde Pierre Arwidson.
"Ce n'est pas grave de ne pas faire tout le mois"
Un constat qui a du mal à s'imposer en France, où la consommation d'alcool est bien ancrée. Critiqué pour s'être opposé à une hausse des taxes sur l'alcool, le nouveau ministre de la Santé Yannick Neuder a annoncé qu'il participerait au Dry January, mais ces dernières années, les gouvernements successifs ont refusé de soutenir cette opération de sobriété.
"C'est une bataille quasi-impossible à mener dans notre pays", affirmait Agnès Buzyn à France 2 en 2024. L'ex-ministre de la Santé évoquait notamment le poids des lobbys et du vin comme "une image de la culture française".
"On a fini par intégrer que s’amuser, c’est boire", regrette le docteur Basset. "Alors que pas forcément. Voir la place de l’alcool dans sa vie, c’est bien, à la fois pour sa santé et ses relations sociales."
Et la réflexion est intéressante même si vous ne suivez pas le défi jusqu'au bout, insiste le médecin spécialiste en santé publique. "Ce n’est pas grave de ne pas faire tout le mois, l’opération est volontaire, pas moralisatrice", insiste Bernard Basset. "Personne ne jugera ceux qui craquent avant la fin du mois ou un jour boivent de l’alcool."
"Le consortium d’associations qui promeut le défi de janvier n'est pas en train de dire qu’il faut l’abstinence, mais simplement un moment de réflexion avec un succès important", ajoute Pierre Arwidson, qui estime que 2 millions de Français s'apprêtent à participer de près ou de loin au Dry January en 2025. Pour rappel, les recommandations de Santé publique France sont de maximum "2 verres par jour et pas tous les jours".
Si vous vous questionnez sur votre consommation d'alcool ou celle d'un proche, vous pouvez contacter Alcool info service, le service national d’aide à distance en matière d’alcool et de dépendance. Il est accessible via son site internet ou par téléphone au 0.980.980.930, tous les jours de 8h à 2h (appel anonyme et non surtaxé).