BFMTV
Santé

Crise sanitaire: positifs au coronavirus, ils continuent de soigner au CHU de Nantes

placeholder video
Alors que le nombre d'admissions dans les hôpitaux pour cause de Covid-19 continue d'augmenter, plusieurs soignants continuent d'exercer leurs fonctions tout en étant eux-mêmes atteints par le virus. Quitte à risquer de contaminer les patients non Covid.

Soigner tout en étant soi-même malade. C'est l'expérience qu'ont vécu et que vivent des soignants, atteints par le Covid-19, qui continuent d'exercer dans plusieurs établissements hospitaliers. Illustration au CHU de Nantes, où ils sont près d'une dizaine à travailler actuellement bien que positifs et contagieux.

Une situation ubuesque déjà observée au printemps dernier alors que les admissions de nouveaux patients ne cessaient de croître. Une nouvelle problématique se dresse cette fois-ci: la prise en charge des patients non Covid qui, eux, pourraient attraper le coronavirus par le biais des soignants touchés par la maladie. Et c'est là que le bât blesse.

Incompréhension des patients

"Si le médecin a le Covid ça ne me paraît pas normal qu'il travaille à l'hôpital" estime un patient du CHU Nantes rencontré par nos équipes. Pour Mélinda, également prise en charge au sein du même établissement, ces personnels soignants "devraient rentrer chez eux et se reconfiner, c'est de leur responsabilité à eux aussi de prendre soin d'eux et de faire attention au fait qu'ils soient eux aussi contagieux".

Les réprésentants du personnel dénoncent pour leur part une pratique, certes validée par le Haut Conseil de la Santé Publique, mais qu'ils jugent insensée.

"Dès lors que quelqu'un est positif ou alors est même symptomatique on doit l'écarter", tonne Olivier Terrien à notre micro. Le délégué CGT au CHU Nantes appelle par conséquent l'administration hospitalière à écarter les practiciens comme les paramédicaux positifs et à "prendre ses responsabilités en lançant des recrutements".

"On a atteint le niveau zéro de l'organisation"

Pour Arnaud Chiche, "c'est comme si on était à la guerre. Les enhavisseurs sont sur le point de rentrer dans la ville et qu'on est obligé de demander aux amputés d'aller se battre".

L'anesthésiste réanimateur fondateur du collectif Santé en Danger estime sur notre antenne que quand les personnes positives au Covid-19 sont obligées d'aller travailler pour soigner les autres malades en période épidémique, "c'est qu'on a atteint le niveau zéro de l'organisation".

"Jusqu'où on est tombé?", s'interroge pour sa part la Dr Hélène Rossinot sur le plateau de BFMTV. "Le président de la République a dit que cela n'était pas une question de moyens mais d'organisation. Clairement il y a les deux en même temps", considère la médecin spécialiste de santé publique, "c'est surtout intolérable".

Des cas minoritaires, selon le HCSP

Le président de la commission d'établissement du CHU de Nantes estime pour sa part qu'"il n'y a aucun sujet". Cette mesure ne s'adresse selon lui qu'à une poignée de personnels "dans le cadre de l'obligation de service, de l'obligation de traiter nos patients et en sachant que toutes les mesures de sécurité sont prises".

"Il faut comprendre que ce sont des recommandations en crise sanitaire", assure de son côté l'infectiologue Christophe Rapp qui évoque des "cas minoritaires". Le membre du Haut Conseil de la santé publique rappelle qu'il s'agit là d'une dérogation et que la décision "relève l'hôpital et du médecin de santé de travail de l'hôpital".
Hugues Garnier Journaliste BFMTV