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Cancer, insuffisance cardiaque... Des médecins appellent à ne pas "oublier" les patients non-Covid

Dans le service de réanimation de l'hôpital de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, le 24 septembre 2020

Dans le service de réanimation de l'hôpital de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, le 24 septembre 2020 - Lara BALAIS © 2019 AFP

Dans une tribune parue dans Le Parisien, une douzaine de professionnels du secteur appellent à mieux prendre en charge les patients cancéreux ou atteints, entre autres, d'insuffisance cardiaque.

Sont-il les "oubliés" de la crise du coronavirus? Dans une tribune publiée ce mercredi dans les colonnes du Parisien, plus d'une douzaine de médecins appellent les autorités sanitaires à ne pas "laisser de côté" les patients atteints de pathologies graves n'ayant rien à voir avec le Covid-19. Chirurgiens, hépatologues et cardiologues, ils dénoncent "l'orientation systématique et parfois totale des moyens" hospitaliers en direction de ceux touchés par l'épidémie.

"Il est étonnant de voir que l'on se félicite du faible taux de mortalité du Covid, en comparaison à d'autres pays, sans se poser la question d'une éventuelle perte de chance pour tous ces autres patients en France. (...) Leur nombre dépasse peut-être largement le bilan du Covid, et (...) reste à ce jour incalculable, et toujours en évolution, dans un silence médiatique assourdissant, à l'aube de la deuxième vague", peut-on lire dans cette tribune.

Créer des filières Covid/non-Covid

Selon ces médecins, les autorités sanitaires ne doivent pas se borner à "augmenter le nombre de lits, de personnels", mais aussi "créer des filières Covid et non Covid pour préserver certaines activités": "Nous ne sommes pas en guerre, mais nous devons nous organiser pour contenir l'épidémie jusqu'à l'obtention d'un vaccin sans oublier les autres priorités de santé."

"La circulation du virus, prétexte à un principe de précaution, ne peut être le seul facteur pour décider la déprogrammation des traitements et des examens concernant les autres maladies. En médecine plus qu'ailleurs, l'analyse du rapport bénéfice-risque d'une décision doit toujours prévaloir sur le principe de précaution", écrivent-ils.

"On a été désorganisé"

Le Pr Pascal Hammel, chef du service d'Oncologie digestive à l'hôpital Beaujon de Clichy, est signataire du texte. Il s'en est expliqué sur BFMTV mercredi soir, précisant d'emblée que d'après lui, "le mot 'oublié' est un mot trop fort".

"On a certainement été désorganisé pour un certain nombre de traitements très importants pour ces malades, et on a vu arriver, après le déconfinement au mois de mai, des patients qui auraient dû être traités plus tôt", juge-t-il, évoquant en particulier ceux atteints d'un cancer.

Concédant qu'il ne s'agit pas, d'après les auteurs de la tribune, de priver les hôpitaux de quelconques moyens permettant de combattre l'épidémie de Covid-19, le Pr Hammel a rappelé qu'il ne fallait "pas perdre de vue" ce lot de patients, dont certains peuvent mourir.

"Tel traitement qu'on fait par voie intraveineuse, on peut le transformer en cachets et laisser les patients à domicile, tel patient traité loin devrait se rapprocher de chez lui pour éviter des transports et des contaminations, et de l'autre côté, les chirurgiens doivent peser ensemble les risques d'un retard de la chirurgie, mais aussi du fait d'opérer un patient qui est fragilisé, qui peut attraper l'infection. (...) Tout ça, c'est une balance", a-t-il conclu.
Jules Pecnard Journaliste BFMTV