Covid-19: plusieurs régions allemandes veulent prolonger les restrictions en avril

Un soignant réalise un test antigénique à Tuebingen, en Allemagne, le 20 mars 2021 - THOMAS KIENZLE © 2019 AFP
Plusieurs régions allemandes plaident pour une prolongation des restrictions anti-Covid en place actuellement en Allemagne en raison de la troisième vague de la pandémie, selon un document gouvernemental préparatoire à une réunion sur la stratégie anti-Covid obtenu dimanche par l'Agence France-Presse (AFP). Cette rencontre, en présence d'Angela Merkel, aura lieu ce lundi.
Mais alors qu'elle devait être consacrée il y a quelques semaines encore à relâcher la pression, l'ordre du jour a complètement changé face à la propagation du variant britannique du virus.
En raison de "la dynamique actuelle de l'infection accélérée par les variants du Covid-19", il est nécessaire que le pays "prolonge" jusqu'à une date encore à déterminer précisément en avril toutes les restrictions de déplacement en vigueur, souligne ce document. En outre, le document parle d'une "dynamique exponentielle" des infections.
"Nous allons malheureusement devoir utiliser ces freins"
Cette prolongation paraît désormais acquise car la chancelière s'est elle-même déjà prononcée en ce sens.
Le taux d'incidence national est en effet passé dimanche au-dessus du seuil symbolique de 100 (à 103,9), qui déclenche des "freins d'urgences", à savoir de nouvelles restrictions au niveau local.
"Nous allons malheureusement devoir utiliser ces freins", a prévenu vendredi Angela Merkel. En trois semaines, la donne a complètement changé en Allemagne, "bonne élève" européenne de la gestion pandémique au printemps dernier et désormais menacée d'être submergée par une troisième vague.
Les réouvertures envisagées le 4 avril dans la restauration en plein air ou de lieux culturels et sportifs notamment, paraissent très lointaines.
La question des écoles en suspens
Sans attendre, la ville de Hambourg, a décidé vendredi de revenir sur les assouplissements décidés début mars et les réouvertures annoncées de zoos, musées ou de certains commerces.
Et le président de l'association nationale des enseignants a dit dimanche dans le quotidien Bild craindre "que nous ne pourrons garder les écoles ouvertes durant la troisième vague."
"Il est tout à fait possible que nous ayons à Pâques une situation similaire à celle que nous avons connue avant Noël, avec un nombre très élevé de cas, de nombreux cas graves et de décès, et des hôpitaux débordés", a aussi mis en garde Lars Schaade, de l'institut de veille sanitaire RKI.
L'Allemagne tablait sur la montée en puissance de sa campagne de vaccination pour freiner cette dynamique. Mais elle compte parmi les pays européens les plus lents en la matière.
120.000 magasins menacés
"Une analyse honnête de la situation montre qu'il n'y a pas encore assez de vaccins en Europe pour arrêter la troisième vague par la seule vaccination", admet aussi le ministre de la Santé, Jens Spahn.
C'est lorsque les groupes à risques seront vaccinés "que nous pourrons parler d'ouvertures plus larges de la société", prévient-il.
"Vous pouvez le tourner comme vous voulez, nous devons revenir au verrouillage", assène Karl Lauterbach, expert sanitaire du parti social-démocrate.
Comme ailleurs en Europe, l'usure de la population et des secteurs économique et culturel se fait sentir un an après les premières fermetures provoquées par la pandémie.
Si les fermetures d'une grande partie des magasins perdurent, quelque 120.000 d'entre eux pourraient ainsi disparaître, estime l'Association allemande du commerce de détail.
Les élections comme enjeu
Le monde de la culture appelle lui aussi à l'aide ou tente de proposer des protocoles permettant de rouvrir des lieux. Une dizaine de grandes scènes berlinoises ont ainsi entamé vendredi un projet-pilote permettant de faire des représentations devant un public préalablement testé.
La popularité de la chancelière et surtout de son parti conservateur, plombé par des scandales d'enrichissement de députés grâce à des achats de masques, en pâtit.
La victoire de la droite aux élections de septembre, qui semblait acquise, n'est ainsi plus du tout assurée, selon de récents sondages.
Les manifestations d'opposants aux restrictions sont elles de plus en plus violentes, à l'image d'un rassemblement organisé samedi à Cassel, dans le centre de l'Allemagne, émaillé d'incidents avec la police. Selon un sondage publié dimanche, 60% de la popultion est opposée à des restrictions plus strictes.
ERRATUM: le document consulté par l'AFP émane de plusieurs régions allemandes et non de la chancellerie comme indiqué par erreur dans une première version de cet article.