Covid-19: une "lune de miel" attendue cet été, avant une possible reprise "dès l'automne"

"La lune de miel risque d’être brève". Dans une tribune publiée jeudi dans les colonnes du Monde et cosignée avec le professeur de médecine Bruno Riou, Renaud Piarroux, épidémiologiste à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, estime qu'"une reprise épidémique est à craindre dès l’automne prochain", si "la couverture vaccinale est insuffisante".
Invité ce vendredi sur notre antenne, il souligne en effet que la conjugaison de la campagne vaccinale, de la hausse de l'immunité collective et de l'arrivée du printemps devrait amener à "une baisse relativement importante du nombre de cas à partir de mai/juin/juillet". Renaud Piarroux prévient toutefois que cette accalmie sera de courte durée - de "quelques mois" ou "peut-être un an" - car "l'immunité contre le Covid-19 est une immunité qui n'est pas extrêmement forte, en comparaison avec la rougeole par exemple qui est une maladie très immunisante".
"C'est une période qu'il faudra utiliser au maximum si l'on ne veut pas se retrouver après la lune de miel à faire chambre à part", explique le professeur de médecine.
La durée de l'immunité encore inconnue
Selon lui, cette "lune de miel", qui correspond à la période de faible transmission du virus qui suit habituellement la mise en place d'une campagne de vaccination de masse, se heurte à deux données encore inconnues: l'immunité conférée par le vaccin que "l'on ne connaît pas très bien" et "le rôle que vont jouer les variants sud-africain et brésilien dont on sait qu'ils sont moins sensibles au vaccin et à l'immunité qui aura été créée par le virus classique ou la souche britannique".
"On peut tout à fait imaginer que même dès l'automne prochain, il y ait des reprises épidémiques pas du tout du niveau de cet hiver mais quand même suffisantes pour inquiéter en particulier un voyageur qui viendrait d'un endroit où il n'y a pas de Covid", souligne-t-il.
Le risque d'un monde coupé en deux
"Il ne va pas falloir baisser les bras", alerte l'épidémiologiste, mais être "extrêmement actif dans la lutte contre le virus" si "on ne veut pas avoir la moitié du monde débarrassée du Covid-19 et l'autre moitié avec un virus peut-être pas à un niveau très élevé mais suffisamment pour que les voyages de l'une vers l'autre ne puissent se faire facilement".
Réfutant l'idée qu'il est "mieux de vivre avec le virus" et rappelant que la France dépassera sans doute la barre des 100.000 morts, Renaud Piarroux et Bruno Riou estiment que la lune de miel attendue cet été doit "être une occasion unique d’éliminer le virus".
"La baisse des cas nous permettra de concentrer les efforts sur les zones où la circulation persiste, d’agir localement mais rapidement et intensément, de réaliser enfin un traçage efficace et d’isoler correctement les sujets potentiellement contagieux", préconisent-ils, tout en avertissant que "la vie ne retrouvera son cours normal, et le monde, son unité, que lorsque le virus sera maîtrisé. Partout".