Covid-19: une étude établit la liste des endroits où l'on se contamine le plus

Dans la salle de restaurant du routier "L'Escale Village" à Déols (Indre), le 9 novembre 2020 - GUILLAUME SOUVANT © 2019 AFP
Quels sont les lieux exposant le public au plus grand risque de contamination, sous quelles conditions et comment amoindrir le danger tout en maintenant la possibilité d'activités économiques? A travers l'examen de cette triple dimension du problème posée par le Covid-19, l'étude scientifique américaine dirigée par Serina Chang de l'Université de Stanford et parue mardi dans la revue Nature, a cherché, via une méthode originale, à donner une clé nouvelle pour penser un déconfinement qui ne provoquerait pas de "troisième vague".
Une méthodologie hybride
Le modus operandi des chercheurs a été le suivant: ils ont récupéré les données mobiles (anonymisées) de géolocalisation de 98 millions de personnes, réparties dans dix des plus grandes villes américaines. Ils ont cartographié leurs déplacements entre mars et mai dernier, depuis les quartiers d'habitation (ils en ont retenu 57.000) jusqu'à 553.000 "points d'intérêt". Cette terminologie renvoie en fait aux boutiques, commerces, endroits de restauration ou d'hôtellerie, ou encore lieux de culte.
Mais pour juger des taux de contamination par catégorie de destination, il a fallu un outil supplémentaire: c'est là qu'intervient un modèle mathématique de type SEIR, un sigle désignant un modèle comportemental en épidémie.
Ce paramètre a permis de mettre en rapport ces déplacements avec la trajectoire du virus dans chaque lieu et l'évolution de la vie sociale de chacun au fil du renforcement ou des allègements de mesures.
Les restaurants en tête du calcul des risques
Ces travaux, s'ils ne révèlent pas d'informations inattendues sur la circulation du Covid-19, ont le mérite de la chiffrer et surtout d'établir ses circuits préférentiels. Ainsi, il apparaît qu'une poignée de lieux sont responsables d'un maximum de cas. Comme le relève ici le Huffington Post, les scientifiques ont noté qu'à Chicago 10% des lieux examinés étaient à l'origine de 85% des contagions.
Quant à savoir où le risque de contamination est le plus grand, l'enquête répond par le palmarès suivant: les restaurants arrivent en tête, avec un risque jaugé quatre fois plus important que dans les salles de sport ou les cafés qui arrivent en seconde position. Ensuite, on trouve les hôtels et les lieux de culte. Viennent enfin les cabinets médicaux, les supermarchés. Le risque est plus faible encore dans les autres commerces.
Ce classement présente cependant des limites certaines: l'indisponibilité de données mobiles dans les écoles et les maisons de retraite n'a pas permis d'y quantifier la menace. De plus, les scientifiques n'ont pas intégré les entreprises dans leur réflexion, arguant de la difficulté à distinguer la simple visite du séjour prolongé du salarié.
Les quartiers pauvres particulièrement exposés
Car, sans surprise, le temps passé dans un lieu déterminé est une des variables d'accroissement du risque. La densité de la clientèle ou du public accueilli fournit le second facteur majeur. L'explication sociale est également nécessaire.
Les quartiers les plus pauvres sont en effet les plus vulnérables au coronavirus. Les raisons en sont multiples: un télétravail moins pratiqué et l'exercice fréquent d'emplois très exposés, la fréquentation de lieux bondés. L'étude a aussi dégagé que les gens y passaient aussi plus de temps dans les supermarchés en moyenne.
L'équipe de Serina Chang avance quelques suggestions quant à la gestion d'un déconfinement à travers un exemple, noté ici par Le Figaro. Si ouvrir sans restriction d'affluence tous les commerces de Chicago y augmenterait, selon leurs projections, les cas de 39% dans les foyers, la réduction à 20% des capacités d'accueil permettrait de garder la situation sous contrôle, avec une croissance plus raisonnable de 10%.
