BFMTV
Santé

Covid-19: se dirige-t-on de nouveau vers l'obligation du port du masque en extérieur?

Des passants portant des masques par précaution face au Covid-19, le 30 octobre 2021, dans une rue de Hong Kong

Des passants portant des masques par précaution face au Covid-19, le 30 octobre 2021, dans une rue de Hong Kong - Bertha WANG © 2019 AFP

Si pour l'heure la responsabilité de cette décision revient aux acteurs politiques locaux, l'explosion des contaminations pourrait rebattre les cartes alors qu'on nouveau Conseil de défense sanitaire doit se tenir ce lundi.

Comment lutter contre le variant Omicron sans mettre le pays à l'arrêt? La question est, en substance, l'épineuse équation que doit résoudre ce lundi l'exécutif lors d'un nouveau Conseil de défense sanitaire. Parmi les pistes envisagées par le gouvernement, un possible couvre-feu pour la soirée du 31 décembre mais aussi une nouvelle version, plus poussée, du pass sanitaire.

Réel intérêt scientifique?

Autre hypothèse sur la table de l'exécutif: un possible retour du masque en extérieur sur l'intégralité du territoire français. Pour l'heure, cette mesure est territorialisée et la décision est réservée aux maires ou encore aux préfets, un fonctionnement qui, comme l'a appris BFMTV ces dernières heures, devrait être conservé par le gouvernement. Cependant, face à la transmissibilité bien plus forte d'Omicron, les lignes pourraient encore bouger.

D'un point de vue purement scientifique, l'idée ne fait pas l'unanimité. Invitée ce lundi sur le plateau de BFMTV, Olfa Hamzaoui, médecin réanimateur au CHU Antoine-Béclère de Clamart (AP-HP), dans les Hauts-de-Seine, estime qu'il faut "individualiser" cette mesure, qui est principalement "politique et économique".

"Si je regarde d’un point de vue sanitaire, quand on est dans des endroits avec des attroupements de personnes, où l’on ne respecte pas les gestes barrière, ça me semble assez logique. Est-ce qu’il faut l’étendre en extérieur dans tout le pays? Je pense que non, seulement dans des endroits où les gestes barrière sont difficilement respectés", plaide-t-elle.

Pour d'autres professionnels de la santé, l'avis est plus tranché. Dans les colonnes du Parisien, Didier Lepelletier, coprésident du groupe de travail permanent Covid-19 au Haut Conseil de la santé publique (HCSP), estime que cette mesure est efficace.

"C’est une mesure transitoire. En l’attente d’une stabilité immunitaire délivrée par les vaccins, le temps que tout le monde ait sa dose de rappel, qu’on ait diminué le R zéro et mieux compris comment Omicron fonctionne, oui, le port du masque en extérieur a du sens", se projette-t-il.

Mesure nécessaire par endroits

A la faveur de l'apparition et de la propagation rapide d'Omicron en France, cette territorialisation des décisions est déjà bien appliquée. Plusieurs villes, dont La Rochelle ou encore Honfleur imposent déjà le port de ce dispositif dans ses rues. Lors d'une prise de parole en novembre dernier, le ministre de la Santé Olivier Véran avait annoncé que le gouvernement souhaitait imposer le masque à l'extérieur dans les zones à forte promiscuité, notamment pour l'accès aux marchés de Noël.

Dans divers départements alpins tels que l'Isère, la Savoie ou la Haute-Savoie, plusieurs stations de ski ont déjà imposé le port du masque à ses visiteurs. Pour la Savoie, la décision vient d'un arrêté préfectoral pris vendredi passé et qui concerne les lieux rassemblant plus de 10 personnes, dont les 38 stations de ski que compte le département.

Pour ces stations, fortement touchées par les mesures coercitives de lutte contre le coronavirus ces derniers mois, la décision permet de continuer leur activité en cette saison extrêmement touristique.

"Si ça permet de continuer à travailler et d'éviter la propagation massive alors on est d’accord, il faut continuer à travailler, on en a besoin. Il faut tout faire pour que cela fonctionne et protéger les vacanciers. L’aspect psychologique il faut le prendre en compte, les gens ont besoin de vacances et passer de bons moments en famille. Les Français ont pris l’habitude de montrer le pass sanitaire, d’être en règle vis-à-vis des uns des autres", assure à notre antenne Jean-Luc Boch, maire de La Plagne et président de l’association nationale des maires de stations de montagne.

"Il faut empêcher de diffuser le virus, on est habitués à appliquer des règles de distanciation, c’est presque une habitude pour nous et ça ne change pas grand-chose dans l’application", abonde, toujours auprès de notre antenne, Christophe Lavaut, directeur général de la station Val-D’Isère.

Déjà appliqué à l'étranger

Ces derniers jours, plusieurs voisins européens ont pris la décision de ré-imposer le port du masque généralisé en extérieur. En Espagne, le gouvernement en a pris la décision le 22 décembre alors que les cas de Covid-19 explosaient. Jeudi, un Conseil des ministres extraordinaire avait été convoqué afin que le port du masque en plein air soit effectif pour Noël, qui donne toujours lieu à des rassemblements importants de l'autre côté des Pyrénées.

Quelques heures plus tard, le gouvernement italien a emboîté le pas aux Espagnols. Roberto Speranza, ministre de la Santé, n'a pas précisé à partir de quelle date cette mesure serait appliquée, mais il a ajouté que le masque assurant une protection supérieure, le FFP2, deviendrait obligatoire pour se rendre au cinéma, au théâtre, aux événements sportifs ou dans les transports publics, bus, cars, avions ou navires.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV