Covid-19: l'hôpital va-t-il tenir face à la cinquième vague?

Face à une nouvelle vague épidémique qui continue de gagner du terrain, comment l'hôpital va-t-il encore résister? Le ministre de la Santé Olivier Véran a déclaré ce jeudi matin que le plan blanc, qui déprogramme des opérations "non-urgentes" pour prioriser les patients Covid-19, "sera probablement national d'ici quelques jours".
Déjà ces dernières heures, pas moins de sept régions ont fait le choix de passer dans cette configuration hospitalière. Et ce, alors même que les effectifs se réduisent au sein du personnel en raison de maladies, ou de fatigue. Une situation tendue, dont témoigne le professeur Vincent Bounes, directeur du Samu de Haute-Garonne au micro de BFMTV:
"On manque de personnel, il y a des gens qui ont arrêté, pas mal de soignants ont démissionné, pas spécialement par rapport aux vaccins, ils sont fatigués, en ont marre. Les conditions de travail sont dures et on a du mal à voir le bout du tunnel" déplore-t-il. "On a 20 à 30% des lits qui risquent de fermer d'ici la fin de l'année, simplement pour que le personnel prenne des congés".
Face à cette situation, Vincent Bounes le martèle: la très grande majorité des patients admis en réanimation au sein de son service ne sont pas vaccinés.
Désinformation vaccinale
Alors, aurait-il fallu prendre des mesures plus strictes il y a quelques semaines pour tenter d'endiguer cette nouvelle vague? Difficile à dire, selon Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive-réanimation à l'hôpital Avicenne de Bobigny:
"Il y a des choix qui sont faits, il faut essayer de vivre avec ce virus, moi je comprends ces choix-là de ne pas reconfiner, ou de demander aux gens de rentrer chez eux à 18 heures", estime-t-il sur BFMTV, avant de dresser le constat lui aussi: "On déclenche un plan blanc, alors qu'il y a des lits qui devraient être ouverts dans ces services. Et pourquoi les lits sont fermés? Parce qu'on manque de personnel formé. Et ce personnel formé on ne va pas l'avoir dans les semaines ou mois à venir".
À Bobigny aussi, le profil des admis en réanimation est plutôt clair: des patients entre 20 et 75 ans, qui ne sont pas vaccinés parce qu'ils estimaient "ne pas être à risque". Souvent, d'après le professeur Stéphane Gaudry, ces patients disent avoir été "roulés dans la farine" par la désinformation au sujet de la vaccination.
"Je peux vous dire que quand un malade sort heureusement vivant de nos services après être passé tout à côté de la mort, il a bien pris conscience qu'on lui avait menti, et il faut qu'on lutte contre cette désinformation", plaide-t-il.
Lueur d'espoir
Alors, que se passera-t-il au cours des prochains jours, ou des prochaines semaines? Au niveau de la circulation du Covid-19 sur le territoire, Alain Ducardonnet, consultant Santé pour BFMTV, rappelle qu'une lueur d'espoir est perceptible.
D'abord, le R0, le taux de reproduction du virus, semble diminuer, tout comme le nombre de cas observés. Autrement dit, d'ici une dizaine de jours, le pic hospitalier pourrait potentiellement être atteint.
Une date qui tomberait néanmoins durant la période des fêtes, et qui solliciterait le personnel hospitalier au moment des congés. Une difficulté de plus pour l'hôpital, face à cette nouvelle vague.