Covid-19: face au variant Omicron, faut-il changer de stratégie?

Un personnel de santé réalise un test antigénique de dépistage du Covid-19 dans le groupe scolaire Fénelon Notre-Dame à La Rochelle, en Charente-Maritime, le 13 janvier 2022 - Philippe LOPEZ © 2019 AFP
Records de contaminations quotidiennes battus et files d'attente devant les pharmacie: ces dernières semaines, les chiffres de l'épidémie de Covid-19 ont de quoi donner le vertige. Sur les sept derniers jours, on a en moyenne prélevé 271.636 cas positifs au virus en France.
Une hausse largement imputable à la vague due au variant Omicron, réputé plus contagieux quoique engendrant des formes moins sévères de la maladie, selon les premières études réalisées.
Alors que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a estimé que plus de 50% de la population européenne pourrait être touchée d'ici deux mois par ce nouveau variant, faut-il changer de stratégie face au virus? Plusieurs voix s'élèvent pour réclamer une évolution de la gestion sanitaire.
Mardi, l'Agence européenne du médicament (EMA) avait estimé que la propagation du variant Omicron allait transformer le Covid-19 en une maladie endémique avec laquelle nous pourrions apprendre à vivre. Mais "nous ne devons pas oublier que nous sommes toujours dans une pandémie", avait souligné Marco Cavaleri, chef de la stratégie vaccinale de l'EMA.
En France, le protocole sanitaire a déjà été assoupli. Depuis le début de l'année 2022, une personne pleinement vaccinée n'est plus obligée de s'isoler et peut se borner à réaliser plusieurs tests. En cas de contamination avérée, l'isolement est toujours nécessaire mais sa durée dépend du statut vaccinal de l'intéressé.
En cas de schéma vaccinal complet, l'isolement ne peut durer que 5 jours si un test négatif est effectué une fois ce délai écoulé. En cas de résultat toujours positif, l'isolement monte à 7 jours. Si la contamination concerne une personne non-vaccinée ou de manière incomplète, l'isolement peut durer jusqu'à 10 jours, réduit à 7 en cas de test négatif.
Le 7 janvier, la Direction générale de la Santé (DGS) plaidait pour une priorisation de l'accès aux tests afin de désengorger les pharmacies. La DGS évoquait que les personnes symptomatiques, cas contact, détentrices d'une prescription médicale ou encore celles ayant eu un autotest positif pourraient ainsi être prioritaires. Sur BFMTV ce vendredi, l'infectiologue Benjamin Davido plaide également pour "repenser la stratégie de dépistage".
"Pour faire simple, les grandes lignes, c'est d'arrêter de dépister les asymptomatiques, arrêter de dépister les cas contacts asymptomatiques initialement, et au cas par cas des symptomatiques, voire uniquement les formes hospitalières", avance le praticien de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine).
"La maladie crée un tel nombre de cas, avec 10% de la population tous les jours cas contact, on est tous cas contact de quelqu'un, et en réalité on ne peut pas se tester tous les jours", justifie le médecin. "La maladie nous permet d'avancer, et c'est une bonne nouvelle, il ne faut pas faire marche arrière", appuie Benjamin Davido.
Sur notre antenne également, l'épidémiologiste Antoine Flahault estimait ce vendredi que nous avions "déjà basculé dans une autre phase de cette pandémie avec le variant Omicron". "On ne pourra pas continuer à faire des isolements prolongés, les quarantaines de cas contacts", estime le spécialiste. "On n'est pas loin de la paralysie du pays", ajoute-t-il.
"Pratiquement les seules personnes que l'on voit aujourd'hui dans les lits de réanimation sont des personnes qui n'ont pas la vaccination, qui n'ont pas fait de Covid, ou alors qui sont très immunodéprimées, soit par la maladie soit par leur traitement", ajoute Antoine Flahault qui, en dépit des mesures avancées, appelle à la prudence sur "la bénignité supposée du variant Omicron".
D'autres pays s'interrogent sur la stratégie à adopter. L'Espagne pourrait ainsi tendre vers une nouvelle approche, selon les déclarations du gouvernement ces derniers jours. La semaine passée, le Premier ministre Pedro Sánchez avait ouvert la porte en appelant à "évaluer l'évolution du Covid-19 vers une maladie endémique", c'est-à-dire une maladie infectieuse persistante, à l'image de la grippe qui revient chaque année.
Ce mercredi, la ministre de la Santé espagnole Carolina Darias emboîtait le pas au chef du gouvernement, indiquant que selon elle, "nous (étions) dans une nouvelle phase de transition de la pandémie" et que "tout indiqu(ait) qu'avec le temps on ira(it) vers une maladie endémique".
Une stratégie que l'on pourrait résumer par "vivre avec le virus", qui serait aussi envisagée en Italie et en Israël, avance franceinfo. De l'autre côté des Alpes, on envisage de réduire l'isolement des personnes asymptomatiques notamment, voire de supprimer le bilan quotidien des contaminations du bulletin journalier. En Israël, la stratégie pourrait consister à protéger avant tout les personnes les plus vulnérables.