Covid-19: en Martinique, "le système de santé est au bord de la saturation"

L'île est désormais le territoire français dans lequel le virus circule le plus vite, une dynamique qui a provoqué le retour de mesures coercitives.

La situation en Martinique est extrêmement préoccupante et se dégrade à un rythme inédit. Avec 2241 cas positifs et cinq décès entre le 12 et le 18 juillet, l'île où le variant britannique reste majoritaire est entrée dans la quatrième vague de l'épidémie de Covid-19, selon un bilan de l'Agence régionale de santé publié mardi.

Chiffres records

C'est la première fois depuis le début de l'épidémie que la barre des 2000 cas hebdomadaire est franchie. Le taux d'incidence passe de 278 à 625 pour 100.000 habitants ces sept derniers jours, et le taux de positivité - la proportion de tests positifs sur l'ensemble des analyses - bondit de 10 à 15%. De fait, la Martinique est le territoire français où le virus circule le plus vite.

Face à cette situation, le préfet de région Stanislas Cazelles avait assuré cette semaine qu'il fallait "trouver un équilibre entre liberté et responsabilité." En plus du couvre-feu de 21h à 5h du matin annoncé par Emmanuel Macron lors de sa prise de parole, ce dernier avait annoncé deux nouvelles mesures: l'extension du pass sanitaire et la fermeture des salles de restaurant en intérieur.

"C’est à la fois pour les restaurants, mais aussi la restauration dans les galeries commerçantes qui peut être l’occasion de baisser le masque alors qu’il y a beaucoup de concentration de personnes", a-t-il précisé sur BFMTV. "À ces entreprises on demande de ne plus travailler, elles seront fermées administrativement et en échange il y aura des aides auxquelles elles ont accès."

L'hôpital sous tension

Les professionnels de la santé ne cachent pas leur inquiétude pour les jours à venir, alors que le plan blanc a de nouveau été déclenché.

"On s’attend peut-être à une déferlante sur la réanimation dans les prochains jours parce qu’on voit que des patients s’aggravent sur l’hospitalisation classique", note auprès de BFMTV Benjamin Garel, directeur général du CHU de Martinique à Fort-de-France. "Il va falloir qu’on rouvre très vite beaucoup de lits alors qu’on est dans une période de congés, ça va pas être simple."

"Le système de santé est au bord de la saturation", alerte Olivier Coudin, directeur général adjoint de l'ARS de Martinique, auprès de France Info. "On est à 100 lits de médecine Covid-19 ouverts, on va peut-être pouvoir monter jusqu'à 120, mais au-delà de cette capacité on sera obligés de trouver des solutions."

Lundi passé, les autorités sanitaires locales avaient prévenu que des patients pourraient le cas échéant être transférés vers la métropole afin d'y être soignés.

Peu de vaccination

La situation est d'autant plus préoccupante que les Martiniquais sont peu vaccinés. Les professionnels de santé pointent une forte réticence de certains habitants, à l'image d'Olivier Coudin qui évoque auprès de France Info "une population qui est vaccinosceptique".

"Il faut qu'on arrive à un niveau de vaccination beaucoup plus important en Martinique", souligne ce même Olivier Coudin, cette fois-ci auprès de l'AFP. Un peu moins de 20% des Martiniquais ont reçu au moins une injection, contre près de 57% au niveau national - et seuls 15% des habitants sont considérés complètement vaccinés, contre 46,7% en moyenne dans l'Hexagone.

"Nous avons des professeurs émérites, nous avons des praticiens eux-mêmes quoi sont divisés sur la question de la vaccination", explique à BFMTV Magali Zamor, secrétaire générale du syndicat CGTM Santé. "Comment voulez-vous que nous au milieu, commun des mortels, puissions prendre une décision radicale et trachée. Aujourd’hui il faut convaincre, il faut apporter la véracité que ce vaccin est efficace."

Pour comprendre les freins à la vaccination en Martinique, l'ARS a annoncé cette semaine qu'elle allait mener une large consultation citoyenne en ligne, jusqu'au 20 août.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV