Coronavirus: quelles solutions pour confiner les personnes sans-abri?

Ils doivent aussi respecter les consignes du gouvernement, mais cela s'annonce extrêmement compliqué pour eux. À Paris, les sans-abri et les migrants ont, comme le reste de la population, la consigne de se confiner pour limiter la propagation du coronavirus. Mais avec la fermeture de très nombreux centres d'accueil et d'hébergement de la capitale, les 3500 sans domicile fixe que compte la capitale n'ont aucune solution de repli.
"Il n'y a aucun dispositif d'urgence ouvert, on ne leur propose rien, on ne veut pas qu'elles aillent dans des tentes", déplore Gaël Manzi, président de l'association d'aide aux migrants Utopia 56.
Mardi, jour d'entrée en vigueur du confinement, la police a en effet délogé une cinquantaine de sans-abri dans le 19e arrondissement. Femmes, hommes, enfants ont été contraints de quitter leur tente, sans avoir d'hébergement d'urgence.
"Ces gens sont totalement laissés pour compte"
Face à cette situation exceptionnelle, les associations d'aide aux sans-abri et migrants dénoncent ainsi un manque de moyens, et craignent pour les personnes dont elles ne peuvent plus s'occuper, notamment lors des maraudes, qui ne sont plus effectuées.
"Les associations, petit à petit, se retirent du terrain. Il n'y a plus de distribution alimentaire, les accueils de jour ferment. Ces gens sont totalement laissés pour compte. On ne sait pas ce qu'il va advenir de ces personnes", s'inquiète Gaël Manzi.
Malgré le contexte, les centres d'accueil de migrants et de sans-abri - dépourvus de masques, de gels hydroalcooliques ou de thermomètres à distance - ne peuvent en effet pas ouvrir sans prendre de risques.
"J'ai bien compris que les masques étaient réservés aux personnels soignants", assure Bruno Morel, président d'Emmaüs Solidarités. "Mais nos centres d'hébergement sont des centres collectifs, les risques de propagation sont importants donc à titre préventif, il faut qu'on arrive à avoir des masques."
Hidalgo promet "des gymnases et des hôtels"
À Paris, Anne Hidalgo a annoncé plusieurs mesures en faveur de l'accueil des sans-abri et des migrants durant cette période de confinement.
“J’ai proposé à l’État d’ouvrir 14 gymnases pour les accueillir. On est en train de travailler sur la possibilité de mettre à l'hôtel les familles avec enfants pour qu’elles puissent être accompagnées", a expliqué la maire de la capitale à BFM Paris.
Deux centres d'hébergement ouvriront à Paris dans les prochains jours. Ce sont des centres dits de "desserrement", d'une capacité totale de 150 places. Le premier centre devrait ouvrir d'ici vendredi, a appris BFM Paris de sources ministérielles. Une initiative qui sera ensuite étendue à tout le territoire.
Anne Hidalgo a ajouté que les cuisines centrales de Paris, utilisées d'ordinaire pour la préparation des repas des cantines scolaires, seraient mises à disposition "pour fabriquer les repas" des sans-abri. La maire de Paris n'a cependant pas donné d'échéance concernant la mise en place de ces mesures.
La mise à disposition de lits d'internats
Autre mesure, venant cette fois-ci de Valérie Pécresse: la mise à disposition de lits d'internats de lycées franciliens pour confiner et soigner les personnes à la rue. Sur RTL, la présidente de la région Ile-de-France a en effet proposé à l’Etat les 9180 lits d’internat, dont certains pourraient servir à accueillir les personnes malades en situation précaire, comme les sans-abri.
À l'échelle nationale, plus de 80 sites ont été pré-identifiés par les préfets, pour un total de 2 875 places. Ils font l’objet d’une analyse approfondie, en lien avec la Direction générale de la cohésion sociale. L’accès à ces centres se fera sur avis médical.