Coronavirus: le CHU de Lille alerte face au risque d'une deuxième vague

Selon le chef du service de réanimation de l'hôpital, les soignants, "fatigués" après deux mois de lutte, ne tiendront pas en cas de retour en force de l'épidémie de Covid-19.

Le déconfinement a été débuté, mais les équipes du centre hospitalier universitaire de Lille ne sont pas pour autant sereines face à la diminution du nombre de morts et d'hospitalisations liées au coronavirus dans la région. Mercredi, les soignants de l'établissement mettent en garde contre un relâchement depuis la levée du confinement et ont tiré la sonnette d'alarme: après deux mois de lutte intense contre le Covid-19, ils ne tiendront pas face à une possible deuxième vague.

"Il y a des modèles mathématiques qui nous disent que dans trois semaines, on remet le couvert", a déclaré Julien Poissy, chef du service réanimation du CHU de Lille. "A titre personnel, ça fait 70 à 100 heures par semaine à l'hôpital, depuis plus de deux mois. Je vois mal comment on va pouvoir recommencer ça dans 15 jours ou trois semaines."

Selon le médecin, si l'épidémie de coronavirus repart de plus belle dans la région, les équipes de l'hôpital de Lille vont "vraiment avoir du mal à se remobiliser pour l'absorber de nouveau".

"On est fatigué, ce qu'on vient de faire, ça va être difficile de le refaire, il faut que les citoyens en aient conscience", a ajouté Julien Poissy.

"Donner un second souffle" à l'hôpital

L'inquiétude du réanimateur est d'ailleurs partagée par la Fédération hospitalière de France. Selon Rémy Pauvros, son président dans les Hauts-de-France, il faut réinjecter des moyens au plus vite dans les hôpitaux publics.

"C'est notre préoccupation majeure, explique-t-il. Il faut donner un second souffle à l'hôpital et se préoccuper essentiellement de lui donner les moyens d'accueillir, éventuellement, une seconde vague."

Par ailleurs, le retour aux urgences des patients atteints de maladies "classiques" autres que le coronavirus ne permet pas aux soignants du CHU de Lille de véritablement souffler. En ce début de déconfinement, les médecins en appellent ainsi à la responsabilité de chacun pour éviter une deuxième vague lourde de conséquences.

Juliette Mitoyen