Coronavirus: comment parler de l'épidémie aux enfants?

"Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément", professait Boileau dans son Art poétique. Mais rien de moins aisé sans doute que d'expliquer à des enfants catastrophes et épidémies. A mesure que l'épidémie de coronavirus continue de s'amplifier aux niveaux mondial et hexagonal, la question doit pourtant s'imposer et se poser: comment leur parler de cette maladie, encore méconnue dans les grandes largeurs par les spécialistes eux-mêmes?
"Ne pas entrer dans la paranoïa"
L'une des équipes de BFMTV s'est rendue à Charenton-le-Pont, dans le Val-de-Marne, afin de sonder une famille. "J’ai pas peur mais je suis quand même un petit peu inquiet", a admis Hayden, sept ans. Sa mère, Naïma, se veut apaisante: "On en discute à la maison parce qu’on ne voit que ça à la télé. On en parle partout, ça passe en boucle. Mais je dédramatise avec eux pour ne pas entrer dans la paranoïa."
Média s'adressant aux enfants et aux adolescents, le Petit quotidien s'échine ces jours-ci à rendre clair l'obscur, à mettre des mots sur ce Covid-19, nom scientifique du coronavirus.
"Notre travail de tous les jours c’est de nous mettre dans la peau des enfants et d’être sûrs d’être compris, surtout sur un sujet comme ça qui fait un peu peur. L’idée n’est pas du tout de peindre en rose la réalité mais d’être précis et surtout que ce ne soit pas flou pour les enfants, qu’ils comprennent bien et donc on est obligé de traduire le langage adulte et parfois le langage scientifique qui est spécialement compliqué pour le coronavirus", explique François Dufour, rédacteur en chef.
"Avant sept ans, ils ne posent pas énormément de questions"
Florence Millot, psychologue et auteur de Comment parler à ses enfants, était l'invitée de Jean-Jacques Bourdin ce mercredi matin sur RMC. Elle a appelé à distinguer l'attitude à adopter en fonction de l'âge de son enfant.
"Avant sept ans, ils ne posent pas énormément de questions. Ils sont autocentrés. Le plus important, c’est papa, maman, mon quotidien, tant que tout ça n’est pas bousculé, même s’ils en parlent il n’y a pas vraiment de représentation dans leur imaginaire", a-t-elle détaillé, ajoutant même: "Plus on va lui expliquer, plus il va se poser des questions qu’il ne se posait pas avant et plus il va s’inquiéter."
"Aider l’enfant à faire le tri"
La partition change radicalement avec la socialisation plus grande de l'enfant et sa pratique grandissante des réseaux sociaux. "Entre 8 et 15 ans, quand on est beaucoup plus exposés aux réseaux sociaux où des images circulent, l’intérêt est d’aider l’enfant à faire le tri dans ce qu’il voit", note la psychologue.
Quelques questions simples peuvent servir de balises: "‘Est-ce que tu crois que toutes ces vidéos sont vraies? Est-ce qu’on t’en parle à l’école? Est-ce que ça te fait peur?’ Pour jauger s’il se passe quelque chose en lui ou non. Car s’il ne se passe rien, ça ne sert à rien d’en faire un débat."
La psychologue a également observé: "Une fois qu’on a fait le tri, il faut contextualiser et dire que dans l’histoire, il y a toujours eu des virus pour lui montrer qu’un virus meurt aussi."