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Coronavirus en France: les médecins dénoncent un manque d'équipement, le ministre promet des masques

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Photo d'illustration - PHILIPPE DESMAZES / AFP

Alors que la bataille contre la propagation du coronavirus bat son plein, les médecins protestent contre le manque d'équipement, à commencer par les masques. Olivier Véran a défendu son action ce mardi matin et évoqué un nouveau déstockage sur notre antenne.

191 malades depuis le début de la crise, dont 61 cas supplémentaires en 24 heures lundi, et trois morts. Alors que le coronavirus durcit ses coups en France, les médecins dénoncent le manque d'équipements de protection disponibles, s'estimant laissés pour compte.

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Ce mardi matin, sur BFMTV, la rhumatologue Rachida Inaoui-Roze a illustré:

"On ne se sent ni soutenu ni prêt. On est fatigué, épuisé. Et on se retrouve dans une situation où on n’a pas de masque. Les informations sont arrivées au compte-goutte. Les gels hydroalcooliques, on a des difficultés à en avoir en tant que professionnels. On se retrouve à passer une alliance avec les patients, à les éduquer, à leur expliquer ce qu’il faut faire."

Le ministre de la Santé "a priorisé"

Le ministre de la Santé Olivier Véran a fait le bilan comptable de son action au cours de la même matinée au micro de Jean-Jacques Bourdin. "5 millions de masques chirurgicaux ont été distribués dans les agences régionales de santé et auprès des établissements de santé et des EHPAD pour les personnes âgées. 10 millions de masques ont été déstockés, sont partis dans des camions aux quatre coins du pays, et sont répartis dans toutes les pharmacies du territoire. Et tous les professionnels de santé de ville peuvent aller chercher des boîtes de masques en pharmacie", a-t-il lancé. 

"Nous avons priorisé. Les masques sont arrivés hier en priorité dans l’Oise qui est dans une situation particulière, et aujourd’hui aux quatre coins de la France", a-t-il ensuite fait valoir. Olivier Véran a alors déclaré: "Et je vous annonce ce matin que je procède à un nouveau déstockage de masques, entre 15 et 20 millions de masques, et je le ferai à chaque fois que nécessaire."

"Est-ce qu'on nous raconte des histoires?"

"C’est une bonne chose parce qu’on a plus de masque", a réagi Rachida Inaoui-Roze. "Il y a deux types de masques dont le masque chirurgical, bleu, qui peut être utilisé par les patients qui évite la diffusion des germes vers l’extérieur. Ce type de masque est difficilement accessible, les prix ont été multipliés par cinq."

Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France, s'est montré particulièrement circonspect, voire critique à l'égard des annonces ministérielles au micro de RMC. "Le ministre va vraiment avoir du mal à calmer la colère des médecins généralistes. Cinq semaines pour faire arriver des masques qui étaient soi-disant en stock, on s’est demandé si on ne nous avait pas raconté d’histoire", a-t-il posé. 

Des masques au fond d'un carton 

Les médecins en première ligne ne se sentent pas, jusqu'ici, logés à meilleure enseigne. Une équipe de RMC a ainsi pu visiter une maison de santé de Crépy-en-Valois, dans l'Oise, ville fortement touchée par la maladie. Ici, les médecins piochent au fond d'un carton pour trouver des masques.

"On n’a aucune nouvelle du Conseil de l’Ordre", a dénoncé le docteur Thai Mai Tran. "Rien. Depuis quelques jours, c’est le système D. Donc on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a. On n’a aucune directive précise."

Son confrère Sébastien Hersin s'en est pris quant à lui au manque de dépistage à l'endroit des généralistes. "C’est complètement absurde. Chaque généraliste du secteur a été confronté au virus, c’est évident. En attendant, on voit toujours plein de patients, c’est quand même important de savoir que nous ne sommes pas porteurs du virus. Le médecin généraliste de campagne, on l’a un peu oublié", a-t-il déploré. 

Robin Verner