Coronavirus: ces professionnels qui portent le masque toute la journée depuis des années

A partir du 1er septembre, la vie en entreprise va se retrouver grandement modifiée. Coronavirus oblige, la ministre du Travail Elisabeth Borne a annoncé, la semaine passée, que le port du masque deviendrait désormais obligatoire, y compris dans les open spaces, pour l'ensemble des employés. Les salariés devront le porter partout où ils seront susceptibles de croiser du monde, notamment dans les salles de réunion sans aération naturelle et les espaces de circulation.
Si cette nouvelle mesure a pour but de circonscrire le Covid-19 et d'empêcher sa propagation, alors que de plus en plus de personnes sont contaminées quotidiennement en France, la nouvelle a été très fraîchement accueillie. Selon un sondage réalisé par le site spécialisé dans l’interim Qapa, plus d'un salarié sur quatre refuserait de porter ce dispositif sur son lieu de travail, malgré l'obligation.
Un refus qui trouve sa source à plusieurs niveaux. Si les anti-masques, qui voient dans ces prérogatives une manœuvre des autorités afin de contrôler la population, sont de plus en plus nombreux sur les réseaux sociaux, c'est le côté pratique qui semble le plus revenir dans les justifications. La plupart des employés estiment en effet que le masque deviendra de plus en plus gênant au fil de la journée.
"J'ai survécu"
"J'ai quelques années de masque derrière moi, et j'ai survécu." Contacté par BFMTV.fr, Thierry Amouroux, infirmier depuis 1984 et porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI) balaie immédiatement l'hypothèse d'un masque qui deviendrait une gêne pour le travailleur.
"En bloc opératoire, on peut le porter pendant 12 heures, et il n'y a pas de manque d'oxygène et encore moins de réserve de gaz carbonique qui se forme. En revanche, il peut être gênant quand il fait chaud", explique ce dernier, fourbu au port du masque chirurgical.
Dans sa réflexion, il est rejoint par Claire, interne en réanimation qui, auprès du Huffington Post assure elle aussi qu'à l'hôpital, le masque chirurgical est un outil indispensable.
"En réanimation, on met constamment des masques au bloc opératoire ou lorsqu’on va voir des patients. Depuis la crise du coronavirus, c’est en permanence, même dans les bureaux ou les couloirs. Alors, certes, ça reste embêtant de le porter constamment, mais on s’y habitue", assure-t-elle.
"Il est utile pendant 4h"
Si le port prolongé du masque ne semble pas être un problème à moyen ou long terme, il existe cependant plusieurs règles pour porter ce dispositif de la bonne manière, en particulier dans cette période sanitaire compliquée.
"Ce qu'il ne fait surtout pas faire, c'est le descendre sur le cou, car la zone la plus contaminée c'est la face au niveau du nez et de la bouche. Il faut le retirer avec les élastiques", explique encore Thierry Amouroux, qui a passé une grande partie de sa carrière à l'AP-HP.
"Il faut éviter les manipulations d'un masque. Il est utile pendant 4h, après il devient humide et n'est plus efficace. Un employé peut en mettre un à son arrivée à son poste de travail, l'enlever pour la pause déjeuner par exemple, puis en remettre un autre jusqu'à la débauche, ajoute-t-il.
Dans les colonnes du Huffington Post, Claire distille également quelques techniques utilisées dans le milieu hospitalier afin de soulager son quotidien.
"Mes chefs attachent les élastiques des masques avec de la ficelle ou un bout de plastique pour ne pas que ça leur tire les oreilles. On le fait de plus en plus à l’hôpital, pour soulager les douleurs. Et par rapport à la buée sur les lunettes [...] je pense qu’il faut bien pincer le masque au niveau du nez", explique-t-elle.
Pour les peaux les plus sensibles, BFMTV avait, il y a plusieurs semaines, interrogé Dominique Penso, dermatologue à Issy-les-Moulineaux, qui avait partagé ses conseils pour éviter les irritations.
"Les masques chirurgicaux sont probablement un tout petit peu moins allergisants, de ce que j'ai pu voir pour les masques en tissu, ou pour les masques synthétiques", assure cette dernière, qui recommande l'utilisation d'une crème apaisante sans parfum, ni conservateurs, pour soulager les possibles irritations de la peau.
Des exceptions
Dans d'autres corps de métiers, les dispositifs de protection ne sont pas en option. Comme l'explique un employé d'une entreprise de dératisation parisienne également contacté par BFMTV.com, il n'est pas question ici de masque chirurgical, mais de "masque à cartouches" utilisé pour empêcher le passage de substances toxiques utilisées pour l'élimination des nuisibles.
"On ne peut pas porter ça au quotidien, on n'a pas le même débit d'air", estime-t-il, soulignant encore que lui et ses collègues devaient porter ce dispositif "2 à 3h par jour."