"Il y a une grande vulnérabilité": après le braquage du Louvre, la sécurité des musées de nouveau en question

Une scène digne d'Arsène Lupin. Un cambriolage a eu lieu dimanche 19 octobre dans la matinée au musée du Louvre, dans le 1er arrondissement de Paris. "Trois ou quatre auteurs" ont pénétré dans la galerie d'Apollon par l'extérieur, côté Seine, à l'aide d'une "nacelle" présente pour des travaux, comme l'a expliqué le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez sur France Inter.
Munis d'une "disqueuse", les malfaiteurs ont dérobés des bijoux d'une "valeur inestimable", selon lui. Le tout, en "sept minutes" entre 9h30 et 9h40, avant de prendre la fuite sur des scooteurs de type TMAX. De quoi relancer le débat autour de la sécurité dans les musées.
"On sait qu'il y a une grande vulnérabilité dans les musées français. Les contrôles à l'accès du musée du Louvre n'ont rien à voir avec ce qui se faisait il y a quelques années (...), la sécurité a évidemment été renforcée. Mais on ne peut pas tout empêcher, il ne faut pas laisser à penser que le risque zéro n'existe pas", a réagi le nouveau locataire de place Beauvau.
"Nous sommes en train d'évaluer le préjudice", a de son côté commenté sur TF1 la ministre de la Culture, Rachida Dati, précisant qu'un bijou -en l'occurrence la couronne d'Eugénie- avait été retrouvé, endommagé.
Le personnel avait déjà évoqué la sécurité du lieu
"Des questions devront aussi se poser. Le 16 juin dernier, le musée était fermé plusieurs heures en raison d’une grève des salariés qui alertaient sur le manque de personnel pour assurer la sécurité. Pourquoi leurs alertes n’ont pas été entendues par la ministre?", a souligné le sénateur communiste et conseiller municipal de Paris Ian Brossat, dans un message posté sur X.
Ce jour-là, les agents d’accueil et de surveillance protestaient contre "la surfréquentation" du musée et les problèmes de "sous-effectif", selon les mots à l'AFP de Christian Galani, membre du bureau national de la CGT-Culture, dont il est le représentant au Louvre. Celui-ci déplorait alors des "conditions de visite dégradées" en raison notamment de la perte de près de "200 emplois" en 15 ans.
De son côté, Jordan Bardella n'a pas manqué de saisir l'occasion ce dimanche pour dénoncer "une insupportable humiliation pour notre pays" sur les réseaux sociaux.
Les musées, nouvelle cible de la criminalité organisée?
Selon Rachida Dati, "la criminalité organisée s'attaque aujourd'hui aux objets d'art et les musées sont aujourd'hui devenus des cibles".
"Il faut adapter ces musées à ces nouvelles formes de criminalité. Ce sont des professionnels", a-t-elle ajouté sur TF1, à propos des malfaiteurs.
Au vu du mode opératoire employé, ce vol est à imputer à "une équipe qui a fait des repérages, qui était manifestement très chevronnée et a agi très très vite", dixit Laurent Nuñez.
"Chevronnée, cela veut dire que ce sont des équipes que l'on peut éventuellement déjà connaître parce qu'ils ont commis d'autres actions de cette nature", a-t-il précisé sur France Inter, n'écartant pas la piste d'auteurs "étrangers" et soulignant que "ce type d'action est assez nouveau dans le paysage".
"On travaille aux mesures de renforcement de la sécurité dans tous les musées", a-t-il assuré, rappelant qu'un "plan de sécurité" récemment lancé par le ministère de la Culture "n'épargnait pas" le musée du Louvre.
Dès 2022, la perméabilité des dispositifs de sécurité mis en place par les musées avait posé question après que des œuvres ont été visées par des activistes, à l'image d'une tentative de lancer de soupe sur un tableau de Paul Gauguin au musée d'Orsay.
Mais plus récemment des "casses" ont occupé les autorités. En septembre dernier, deux plateaux chinois d’une valeur de plus de 6 millions d’euros ont été dérobés au musée national Adrien-Dubouché de Limoges et un autre cambriolage s'est déroulé au Muséum d'Histoire naturelle de Paris.
Un vol en pleine réorganisation du musée
Au musée du Louvre, le plus grand musée d'art du monde qui s'étend sur 73.000 m2 et abrite 35.000 œuvres, le dernier vol remontait à 1998, lorsqu'une toile du peintre Français Camille Corot avait été volée en pleine journée. Beaucoup plus loin dans le temps, c'est La Joconde de Léonard de Vinci qui avait été subtilisée en 1911 par un vitrier italien: il souhaitait voir le chef-d'œuvre revenir dans son pays d'origine.
Le braquage de ces bijoux intervient alors qu'Emmanuel Macron a annoncé fin janvier la mise en place du projet "Louvre-Renaissance". Dans ce cadre, "Mona Lisa" doit être déplacé dans l'une des nouvelles salles et une entrée supplémentaire sera aménagée d'ici 2031 pour soulager les flux, alors que près de 9 millions de visiteurs fréquentent annuellement le lieu.
"Cette nouvelle renaissance du Louvre permettra également d'améliorer les infrastructures du Palais", disait le président de la République lors d'un discours sur place en début d'année.
"Rien ne sera oublié : sécurité et sûreté des collections, confort de visite des visiteurs, conditions de travail des agents, étanchéité des couvertures, des huisseries, sécurité à incendie, facilité destinée aux handicapés, vidéosurveillance, génie climatique, réseaux électriques et informatiques, assainissement, j'en passe", continuait-il. Les événements de ce dimanche risquent en tout cas de replacer le volet sécuritaire au cœur du projet.