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Santé

Coronavirus: à Marseille, un institut dépiste tous les patients fébriles

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L'Agence régionale de santé rappelle pourtant qu'en "phase épidémique, le principe est de ne plus tester systématiquement", contrairement à ce que fait l'institut du professeur Didier Raoult.

L'institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, dirigé par le professeur Didier Raoult à Marseille, assure le dépistage de toutes les personnes "fébriles" qui s'y présentent, à rebours des consignes nationales, a-t-il annoncé dimanche dans un communiqué. Une file d'attente s'est formée ce lundi matin devant le bâtiment.

Le fait qu'il soit possible de se faire tester directement à cet IHU, alors que les autorités en France ont fait le choix de réserver les tests à certaines populations (fragiles, âgées ou femmes enceintes), a été évoqué sur les réseaux sociaux ces derniers jours dans de nombreux messages.

"Nous avons décidé pour tous les malades fébriles qui viennent nous consulter, de pratiquer les tests pour le diagnostic d'infection à Covid-19", précise l'IHU.

Dans un communiqué, l'Agence régionale de santé rappelle pourtant qu'"en phase épidémique, le principe est de ne plus tester systématiquement".

De la chloroquine contre le covid-19

En outre, les médecins signataires du communiqué de l'IHU, dont Didier Raoult, annoncent que tous les patients atteints du Covid-19, "dont un grand nombre peu symptomatiques ont des lésions pulmonaires au scanner", sont traités par l'association d'hydroxychloroquine - un dérivé de la chloroquine, une molécule utilisée contre le paludisme - et d'azithromycine. "Dans les cas de pneumonie sévère, un antibiotique à large spectre est également associé", ajoutent les médecins.

"Nous pensons qu’il n’est pas moral que cette association ne soit pas incluse systématiquement dans les essais thérapeutiques concernant le traitement de l’infection à Covid-19 en France", écrivent-ils.

Depuis l'apparition du nouveau coronavirus en Chine, le professeur Raoult défend l'usage de la chloroquine contre la maladie, nourrissant des réserves chez de nombreux autres spécialistes, qui estiment notamment que les essais menés auprès de 24 patients ne répondent pas à tous les critères nécessaires.

"Nous avons soutenu et autorisé l'essai du Pr Raoult avec l'appui de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des comités de protection des personnes", a pour sa part rappelé dimanche le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé (DGS) lors d'un point presse.

Un essai clinique lancé dimanche

Un essai clinique européen a été lancé dimanche dans au moins sept pays, dont la France, pour tester quatre traitements expérimentaux contre le coronavirus. L'essai va inclure 3200 patients.

"Ce qui compte aujourd'hui, (...) c'est qu'on produise tous, tous ensemble, des connaissances scientifiques en urgence dans des bonnes conditions pour que très rapidement les solutions apparaissent, qu'elles soient négatives ou positives", selon le Pr Salomon.

Les quatre traitements testés à grande échelle seront les molécules suivantes: le remdesivir, le lopinavir en combinaison avec le ritonavir, ce dernier traitement étant associé ou non à l’interféron bêta, et l’hyroxychloroquine, selon un communiqué de l'Inserm, l'organisme qui chapeaute la recherche médicale en France. 

Cinq hôpitaux français y participent. L'IHU Méditerranée Infection n'en fait pas partie, selon l'Inserm. Les médecins de l'institut signataires du communiqué ont quant à eux déclaré que "conformément au serment d’Hippocrate que nous avons prêté, nous obéissons à notre devoir de médecin. Nous faisons bénéficier à nos patients de la meilleure prise en charge pour le diagnostic et le traitement d’une maladie".

Ju. M. avec AFP