"Consultation", "droit de prescription", déserts médicaux... Vers une réforme du métier d'infirmier?

Une infirmière à l'hôpital (photo d'illustration) - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP
Création d'une "consultation infirmière", droit de prescription, nouvelles "missions": l'Assemblée nationale examine lundi 10 mars en première lecture une proposition de loi visant à rénover le métier d'infirmier, attendue depuis près de deux ans par la profession.
Ce texte doit "améliorer la reconnaissance" des 640.000 professionnel(les) en activité", qui "dans notre système de soins régi par le monopole médical, se sentent souvent un peu oubliés, empêchés d'exercer pleinement leurs compétences", a expliqué mercredi la rapporteure EPR Nicole Dubré-Chirat devant la Commission des Affaires sociales.
La profession est depuis longtemps régie par un décret "rigide", qui "énumère de façon limitative" les actes autorisés, et se trouve "peu en phase aujourd'hui" avec la réalité du métier, a-t-elle poursuivi.
Lutter contre les déserts médicaux
Face à la désertification médicale, les infirmiers, à même selon certains de résoudre certaines difficultés d'accès aux soins, se sont vu déléguer ces dernières années de plus en plus de tâches médicales (vaccination, réalisation de certificats de décès, suivi de malades chroniques pour les infirmières en pratique avancée...).
Promouvoir la vaccination, aider à prendre rendez-vous, vérifier l'adaptation du logement, les effets indésirables d'un traitement... Ils assurent aussi un "accompagnement global" sans être rémunérées pour, soulignent les syndicats.
Rédigée avec l'ex-ministre de la Santé Frédéric Valletoux (Horizons) et amendée en commission, la proposition de loi liste des "missions socles": la réalisation de soins infirmiers "curatifs, palliatifs, relationnels et destinés à la surveillance clinique", le suivi du parcours de santé des patients et leur "orientation", "la prévention", incluant dépistage et éducation thérapeutique, "la participation à la formation" des pairs et la recherche.
Autorisation de prescrire certains produits
Évolution attendue, mais très critiquée par les syndicats de médecins, le texte crée la "consultation infirmière" et la notion de "diagnostic infirmier", des termes habituellement réservés aux professions médicales. Il donne aux infirmiers l'autorisation de "prescrire" certains produits dont la liste sera définie par arrêté.
Par amendement, la commission a ajouté une expérimentation, dans cinq départements, de "l'accès direct" aux infirmiers sans prescription médicale, lorsqu'ils exercent dans un établissement de santé ou certaines structures pluri-professionnelles.
De nouveaux terrains d'exercice sont aussi proposés aux infirmiers en pratique avancée (IPA): les services de protection maternelle et infantile (PMI), de santé scolaire et d'aide sociale à l'enfance.
En commission, les députés ont largement adopté le texte, appelant parfois à aller plus loin. "Revaloriser la profession ne pourra pas se faire sans un travail sérieux sur la rémunération, la formation et la prise en compte de la pénibilité", a notamment souligné Karen Erodi (LFI).