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Les infirmières de bloc en colère après un décret autorisant les autres infirmiers à faire les mêmes gestes

Une infirmière marche dans un couloir de l'hôpital de Strasbourg, dans l'est de la France, le 1er février 2025.

Une infirmière marche dans un couloir de l'hôpital de Strasbourg, dans l'est de la France, le 1er février 2025. - ELSA RANCEL

Depuis quelques semaines, en échange d'une formation de vingt-et-une heures, les infirmiers, qui exercent depuis au minimum un an, ont la possibilité de réaliser les mêmes gestes que les infirmières de bloc opératoire diplômées d'État, qui pour leur part ont suivi une formation de deux années.

Des professionnels de la santé inquiets. En vertu du décret n°2024-954 du 23 octobre 2024 alors pris par le gouvernement Barnier, les infirmiers ont désormais l'autorisation d'effectuer les mêmes gestes lors d'opérations à l'hôpital que les IBODE, "infirmières de bloc opératoire diplômées d'État", qui ont pour leur part suivi une longue formation de deux ans avant d'acquérir ce droit.

Comme le rappelle France Bleu, ce décret, pris afin de pallier le manque de personnel en milieu hospitalier, est appliqué depuis la fin du mois de janvier et concerne les infirmiers et infirmières qui exercent depuis au moins un an. Ceux-ci sont invités à suivre une formation, mais de seulement vingt-et-une heures.

"Nous avons deux ans d'école avec des stages, une formation théorique", pointe, auprès du média national Nathalie Marchesi, IBODE à Nancy. "Quelqu'un qui a mal été encadré et mal été formé, cela peut avoir des conséquences par la suite", complète Christine Parra, qui opère également dans la ville de Meurthe-et-Moselle.

Le Conseil d'Etat saisi

Dans un communiqué daté du 2 décembre, le Conseil National de l’Ordre des Infirmiers a dit émettre des "réserves" et a réclamé "la révision du décret". "Cette mesure est insuffisante et ne garantit pas l’acquisition des compétences techniques indispensables pour réaliser ces actes en toute sécurité", est-il indiqué.

"L’absence d’informations précises sur les modalités de la formation complémentaire", est également déplorée par ce document, qui craint la disparition de la spécificité de cette profession.

En outre, le Conseil National de l’Ordre des Infirmiers demande au gouvernement "une limitation dans le temps" de l'application de ce décret ainsi qu'un "programme de formation adapté" pour les infirmiers qui souhaitent obtenir une autorisation d'exercer.

Depuis maintenant plusieurs semaines, les IBODE multiplient les actions contre ce décret et ont même saisi le Conseil d'État, sans succès. Le 12 décembre, un mouvement de grève a également été lancé et a touché plusieurs centres hospitaliers français dont celui de Rennes, rappelle France 3 Régions.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV