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Santé: 1150 infirmiers recrutés à l'AP-HP depuis 2023 malgré un déficit qui se creuse

Le siège de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) à Paris

Le siège de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) à Paris - OLIVIER LABAN-MATTEI © 2019 AFP

Les hôpitaux publics parisiens de l'AP-HP ont retrouvé une hausse d'effectifs et une réouverture de lits. En revanche, son déficit s'est creusé en 2024 en raison notamment d'une compensation jugée insuffisante par l'État et de l'inflation.

L'AP-HP (hôpitaux publics parisiens) regagne des effectifs et a rouvert des lits, mais son déficit s'est creusé en 2024 du fait de l'inflation et d'une compensation insuffisante par l'Etat des mesures salariales décidées après le Covid, a affirmé ce mardi 14 janvier sur France Inter son directeur général, Nicolas Revel.

L'AP-HP a fait un peu "plus de la moitié du chemin" pour récupérer les quelque 2.000 infirmières (11% de l'effectif) qu'elle avait perdues après la crise du Covid-19, a souligné Nicolas Revel. Cette remontée des effectifs s'est faite en travaillant sur les recrutements et "surtout" sur les conditions de travail, a précisé Nicolas Revel.

600 lits de nouveau ouverts

"Nous avons - et c'est cela le plus important - réduit les départs" de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, qui ont baissé "de 28%" entre 2022 et 2024, s'est-il félicité. L'amélioration des effectifs a permis de "ré-ouvrir 600 lits" depuis le creux post-Covid, a encore précisé Nicolas Revel.

En revanche, le déficit de l'AP-HP s'est creusé à 460 millions d'euros en 2024, alors qu'il était prévu à 300 millions d'euros, du fait de l'inflation et de la non-compensation à 100% par l'Etat des mesures salariales décidées après le Covid, selon M. Revel.

"Pour les CHU et l'AP-HP, on estime que c'est à peu près 20% de sous-compensation" des mesures salariales, a déclaré Nicolas Revel. Quand à l'inflation, elle a été compensée à "un tiers à peu près", a-t-il précisé.

4 milliards d'euros d'investissement sur cinq ans

Si l'Etat ne parvient pas à compenser à 100% les mesures salariales comme promis, l'AP-HP ne sera "plus en capacité de financer les très importantes opérations d'investissement qui sont prévues sur les 5-10 prochaines années", a-t-il enfin estimé.

L'AP-HP a prévu 4 milliards d'euros d'investissement sur les 5 ans à venir. Parmi ces investissements, figurent l'énorme projet de l'hôpital Grand Paris Nord à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), et le transfert de l'actuel hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), spécialisé notamment dans les troubles loco-moteurs, vers l'hôpital Ambroise Paré à Boulogne (Hauts-de-Seine).

Pour Nicolas Revel, le problème de la sous-compensation des mesures salariales et de l'inflation concerne "tous les hôpitaux publics français", et particulièrement les grands hôpitaux universitaires comme elle-même ou les CHU.. "En 2020, le déficit total de tous les hôpitaux publics français était d'environ 200 millions d'euros. En 2024, il va se situer entre 2 et 2,5 milliards, il va être quasiment" multiplié par 10, a-t-il indiqué.

Nicolas Revel a indiqué qu'une mission de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) allait se pencher sur la sous-compensation des mesures salariales. "Elle doit rendre un rapport très rapidement au début d'année", a-t-il indiqué. Malgré la relance observée de l'activité, de "fortes difficultés persistent dans certaines filières de soin (gériatrie, psychiatrie, hématologie ou encore neurologie) qui restent marquées par le manque de personnel paramédical", a indiqué l'AP-HP dans un communiqué de presse.

A.V. avec AFP