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Comment protéger les enfants du marketing alimentaire?

Une publicité pour les gâteaux L'Ourson de la marque Lu

Une publicité pour les gâteaux L'Ourson de la marque Lu - Youtube

"Lu: créateur de pub ciblant les enfants depuis trop longtemps", dénonce Foodwatch dans une campagne de communication. L'ONG pointe la responsabilité des industriels dans le développement du surpoids et de l'obésité des plus jeunes.

"Derrière ses airs tout mignons, Lulu l'ourson est une redoutable arme de marketing qui cible les enfants", accuse l'ONG Foodwatch dans une campagne de communication destinée à dénoncer les pratiques des industries agroalimentaires visant les plus jeunes.

Un enfant sur six est en surpoids ou obèse

L'ONG de défense des consommateurs dénonce des "emballages tapageurs", des cadeaux, des personnages animaliers et des mises en scène ayant pour but "d'aguicher" les enfants. "En France, où un enfant sur six est en surpoids ou obèse et risque de le rester à l'âge adulte, prendre les enfants pour cibles marketing est de moins en moins acceptable", regrette Foodwatch. En 2015, chez les enfants de 6 à 17 ans, 17% étaient en surpoids, dont 4% obèses, selon Santé publique France.

Elle lance ainsi ce jeudi une pétition afin d'exiger du groupe Mondelez, qui détient la marque Lu, "de cesser toute pratique de communication ciblant les enfants" et "de modifier l’étiquetage de toute la gamme Lulu L'Ourson afin qu'il ne comporte plus de mention et de représentation graphique s'adressant aux enfants".

Trois morceaux de sucre par gâteau

Le problème majeur, c'est que ces produits sont loin de convenir aux besoins nutritionnels des enfants. Ils sont majoritairement composés de sucre. Si l'on regarde l'étiquette d'un paquet de gâteaux L'Ourson, il est présent sous différentes formes et représente plus de la moitié du produit. Un gâteau de ce type contient ainsi l'équivalent de près de trois morceaux de sucre. Pas mieux pour Lulu La Barquette ou Coqueline.

Dans le détail, c'est le sirop de glucose-fructose qui apparaît comme le premier ingrédient. Pourtant, cette substance de synthèse n'a rien de naturelle et est particulièrement critiquée par les médecins et diététiciens, accusée d'être responsable de l'augmentation du cholestérol, de l'épidémie d'obésité et des syndromes métaboliques (une série de dérèglements démultipliant le risque de diabète de type 2, de maladies cardiaques et d'accident vasculaire cérébral).

"Pas de publicité aux enfants de moins de 12 ans"

Pourtant, comme le rappelle Foodwatch, la Stratégie nationale de santé 2018-2022 prévoit de "limiter l'influence de la publicité et du marketing alimentaire sur les enfants en les réglementant et encadrer la promotion des marques associées à des aliments peu favorables au plan nutritionnel". L'Organisation mondiale de la santé recommande elle aussi de réguler et restreindre le marketing à destination des enfants, particulièrement lorsqu'il s'agit de produits trop gras, trop sucrés ou trop salés.

Dans un courrier adressé à l'ONG, Mondelez s'est défendu, assurant "ne pas faire de publicité pour tout produit dans tout média s'adressant principalement aux enfants de moins de 12 ans". "Par conséquent, toutes nos communications s'adressent aux parents et sont placées dans des médias où moins de 35% de l'audience est composée d'enfants de moins de 12 ans", ajoute le groupe. "Toutes nos pratiques marketing sont conformes à la législation et à nos engagements d'autorégulation", maintient-il. Ce que conteste Foodwatch.

"Ces communications ciblent évidemment les enfants"

"Cet argument ne passe pas pour nous et cette réponse n'est pas satisfaisante", pointe pour BFMTV Mégane Ghorbani, responsable de campagnes chez Foodwatch.

"Dans les publicités, on voit des goûters d'anniversaire avec des enfants de 4 ans, il y a un étiquetage avec des oursons sur toute la gamme, les produits se présentent comme 'le complice du goûter des enfants', ces communications ciblent évidemment les enfants."

Pour cette militante, Mondelez est loin d'être le seul groupe industriel à cibler les enfants. Mégane Ghorbani estime que les responsables politiques doivent s'emparer de ce sujet et légiférer. "L'encadrement marketing a été évoqué aux états généraux de l'alimentation. Une loi est en préparation." Elle espère que le texte sera à la hauteur de ses attentes et suffisamment restrictif. Car, selon elle, "l'autorégulation ne fonctionne pas. Si des engagements sont pris sur le papier, ce n'est pas le cas dans la réalité". 

Céline Hussonnois-Alaya