Colles, encres, stylos... Attention à certaines substances présentes dans les fournitures scolaires

"Stylos, colles, crayons, correcteurs, cahiers…" L'Anses (l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation) pointe du doigt, dans un avis publié ce jeudi, la présence de substances chimiques dangereuses dans certaines fournitures scolaires. Cette constatation intervient après plusieurs études conduites ces dernières années par différents organismes, comme le magazine 60 Millions de Consommateurs ou l'association UFC-Que Choisir.
Dans son avis, l'Anses fait un état des lieux des connaissances sur le sujet, et explique que "les substances chimiques présentes dans les fournitures scolaires ou de bureau peuvent pour certaines d’entre elles entraîner des effets sur la santé".
"C’est le cas notamment pour les enfants qui ont tendance à mettre les objets à la bouche", précise l'agence.
"Le formaldéhyde ou le benzène on peut en trouver dans les colles"
Plusieurs familles de substances chimiques ont été régulièrement observées dans diverses fournitures scolaires ou de bureau, "comme par exemple les phtalates qui sont des substances qui peuvent avoir des effets sur la reproduction", explique à BFMTV Aurélie Mathieu, coordinatrice de l'expertise de l'Anses. Elle cite également "des substances parfumantes qui peuvent entrainer des allergies" ou encore "le formaldéhyde ou le benzène qui sont des substances cancérogènes".
"Le phtalate on peut le retrouver par exemple dans de la pâte à modeler, un composé volatile tel que le formaldéhyde ou le benzène on peut en trouver dans les colles, dans l'encre", détaille-t-elle.
Si les produits identifiés peuvent avoir une incidence sur la santé des utilisateurs, dans l'expertise, "nous n'avons pas réalisé une évaluation des risques pour indiquer si ces substances présentes dans ces fournitures entrainent des risques ou non pour la santé", explique Aurélie Mathieu sur France Info. "En revanche elles sont bien présentes", et il vaut mieux, selon l'Anses, limiter son exposition à ces substances.
Le rapport souligne tout de même que les substances chimiques retrouvées dans les fournitures scolaires peuvent "constituer des sources d’émissions en COV (Composés organiques volatils) significatives dans les écoles" et que "les fournitures scolaires peuvent également conduire à la formation de particules ultrafines".
Privilégier les fournitures sans parfum, paillette ou "autre artifice"
Ces substances, connues pour être toxiques à un certain niveau d'exposition, se retrouvent dans ces objets car "en France et en Europe, les fournitures scolaires ne relèvent d’aucune réglementation spécifique que ce soit pour leur composition, leur fabrication ou leur utilisation", explique le rapport de l'Anses.
Seuls certains articles tombent sous la règlementation européenne des jouets, comme des stylos pailletés, des feutres, des crayons de couleur ou des peintures au doigt, cite le rapport. Ce marquage signifie que ces produits ont "l’interdiction de contenir des substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction".
En revanche, "certaines peintures, résines, encres de chine, etc., considérés comme des articles d’art, qui font l’objet d’une exception réglementaire, peuvent contenir des substances dangereuses".
L'Anses appelle donc à ce que les fournitures scolaires tombent sous les règlementations pour la sécurité des jouets, et avant que cela arrive, que les fabricants retirent de leurs produits, notamment ceux qui sont facilement portés à la bouche, ces substances toxiques.
"En attendant la mise en place d’une telle évolution réglementaire, je conseillerais aux consommateurs de privilégier les fournitures ne contenant ni substances parfumantes, ni paillettes ou autre artifice pouvant induire des comportements détournés par les enfants, tels que le 'machouillage', voire l’ingestion" précise Céline Dubois, coordinatrice de cette expertise à l’Anses, dans l'avis.
Le rapport conclut également à un manque global de données sur le sujet, ou non actualisées, et appelle à leur renouvellement, ainsi qu'à "des actions régulières de surveillance des produits présents sur le marché".
