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"Ce virus est une vacherie": des zones d'ombre autour de l'immunité des patients guéris du coronavirus

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Les autorités scientifiques restent vigilantes quant à l'hypothèse d'une immunité pérenne et protectrice des personnes guéries du Covid-19.

Détenir des anticorps après une première infection au coronavirus suffirait-il à protéger de la maladie? La question reste ouverte, et a été évoquée ce mercredi en France par le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy, auditionné dans la matinée devant le Sénat. 

"On a un taux d’immunité de la population qui est de l’ordre de 10-12% maximum donc cela veut dire que la première vague n’a contaminé qu’une fraction limitée et qu’on ne peut pas compter dessus en terme de protection", estime le Pr Jean-François Delfraissy, pour qui "ce virus est une vacherie. "On est même en train de se poser la question si quelqu’un qui a attrapé le Covid-19 et qui est séropositif est véritablement si protégé que ça."

En théorie, lorsqu'un individu est infecté par un virus, son système immunitaire ne reconnaît pas ce virus, ce qui provoque des symptômes et engendre une ou plusieurs maladies avant qu'il ne le combatte. À la suite de cette infection, une mémoire immunitaire émerge, portée par la présence d’anticorps, et qui permet de mieux combattre le risque d'une seconde infection.

Pourtant, des chercheurs sud-coréens ont observé la semaine dernière une résurgence du coronavirus chez des personnes guéries. Quid alors de la mémoire immunitaire face au Covid-19?

Le long et nécessaire suivi des personnes guéries

Interrogé ce mercredi soir lors de son point quotidien sur l'épidémie en France, le directeur général de la Santé Jérôme Salomon s'est également montré très prudent sur la question de l'immunité des personnes guéries du Covid-19. 

"Ce virus a émergé il y a trois donc nous n’avons pas encore beaucoup de recul sur son évolution et sur la réponse de l’Homme à l’infection", explique le directeur général de la Santé.

Si une immunité "qui semble protectrice et pérenne" se développe dans les 2-3 semaines suivant l'infection au coronavirus, Jérôme Salomon souligne la nécessité de "suivre pendant des mois les personnes qui ont été contaminées pour s’assurer que ces anticorps persistent".

"Il peut y avoir des formes mineures, peut être des formes ORL ou extrêmement bénignes, qui ne débouchent pas sur une immunité et qui expliqueraient que certaines personnes puissent être infectées à deux reprises", ajoute le directeur général de la Santé. 

Même son de cloche sur la question des tests, certaines personnes pouvant être testées positives puis négatives le lendemain, avant d'être de nouveau positives le surlendemain. "Tout cela mérite plus de données scientifiques pour rassurer les Français", conclut Jérôme Salomon.

"Il y a des choses que nous ne savons pas"

Au cours d'une conférence de presse tenue à la suite du conseil des ministres de ce mercredi, le ministre des Solidarités et de la Santé a par ailleurs estimé que la question qui devait se poser était celle de la qualité de la mémoire du système immunitaire des personnes ayant été infectées au nouveau coronavirus.

"Est-ce que vous développez à chaque fois des anticorps ou seulement lors de formes graves? Combien de temps après l’apparition du virus vont apparaître ces anticorps? Est-ce une bonne mémoire efficace durable ou bien fragile, fugace et temporaire?", s'est interrogé Olivier Véran. 

Le ministre a reconnu qu'il y a encore "des choses que nous ne savons pas par rapport à ce virus [...] "Nous aurons la réponse, mais à force d’observations, lorsque suffisamment de temps sera passé pour que nous puissions déterminer si les gens qui l’ont attrapé ont conservé une mémoire immunitaire et si celle-ci est efficace."

Hugues Garnier