Cancer du sein: pendant le traitement, l'acupuncture pour soulager

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Les Français sont de plus en plus nombreux à se laisser séduire par les médecines alternatives. Acupuncture, ostéopathie, méditation, hypnose… Près de 75% Français y ont déjà eu recours au moins une fois selon l'Inserm qui précise que "plus de 400 pratiques thérapeutiques se classent dans la famille des médecines dites alternatives, douces ou traditionnelles. Ceci par opposition à la médecine officielle."
Des chercheurs du SWOG, un réseau d'essais cliniques sur le cancer financé par le National Cancer Institute (NCI) aux Etats-Unis, se sont particulièrement intéressés aux possibles effets de l'une d'elles, l'acupuncture, sur des femmes atteintes d'un cancer du sein. Leur étude considérée comme la plus vaste jamais réalisée sur le sujet visait à déterminer si cette pratique était efficace pour soulager la douleur causée pendant leur traitement sous anti-aromatases (hormonothérapie).
Utilisé pour traiter les cancers du sein sensibles aux hormones, ce type de traitement consiste à empêcher l'action stimulante des hormones féminines sur les cellules cancéreuses. Il est conseillé à certaines femmes de prendre ce médicament tous les jours pendant plusieurs années mais ce dernier n'est pas dénué d'effets secondaires: une fatigue, des bouffées de chaleur, une sécheresse vaginale et des douleurs articulaires au niveau des genoux, hanches, mains et poignets.
Soulager les douleurs articulaires autrement
Au quotidien, il est donc difficile pour certaines femmes de marcher, de s'asseoir, de monter des escaliers et d'effectuer des tâches simples comme écrire ou conduire. "Certains de mes patients ont de la difficulté à sortir d'une chaise.", explique le Dr Dawn Hershman, chercheur principal de l'étude. "En conséquence, sans de bonnes options de traitement pour leur douleur et la raideur, de nombreuses femmes arrêtent leur traitement contre le cancer."
Celui-ci ajoute: "Nous avons donc besoin d'une solution qui n'inclut pas les opioïdes ou les médicaments qui peuvent créer une dépendance ou des effets secondaires graves. Nous voulons que les femmes continuent leur traitement contre le cancer et aient une bonne qualité de vie." Pendant des années, les chercheurs du SWOG ont donc cherché un moyen de soulager cet effet indésirable, comme des traitements médicamenteux.
"Mais de nombreuses femmes ne veulent pas prendre de pilules pour soulager les symptômes causés par d'autres pilules.", selon le Dr Hershman. L'idée leur est donc venue de tester l'acupuncture dans une étude qui a nécessité le recrutement de 226 patientes, assignées dans trois groupes différents. Un groupe a reçu des séances d'acupuncture sur les bras, un autre a reçu des séances factices (insertion superficielle des aiguilles dans différents endroits non thérapeutiques du corps) et un autre groupe n'a reçu aucun traitement.
Un complément intéressant d'une prise en charge
Les patients ont reçu des traitements deux fois par semaine pendant six semaines, puis un traitement hebdomadaire pendant six autres semaines. Ces derniers devaient signaler leur douleur avant, pendant et après le traitement, le paramètre principal étant le niveau indiqué à la fin des six premières semaines de traitement. Les résultats ont montré que, en moyenne, les personnes qui ont bénéficié de vraies séances d'acupuncture éprouvaient moins de douleur et se sentaient soulagés pendant plusieurs semaines.
"Ce travail montre clairement que la véritable acupuncture entraîne des résultats pour les femmes.", affirment les chercheurs. Ces derniers souhaitent que leurs conclusions influencent la pratique médicale ainsi que la volonté des assureurs de prendre en charge l'acupuncture pour les femmes sous inhibiteurs de l'aromatase. Dans un dossier sur les médecines alternatives, l'Inserm précise que malgré de nombreuses études menées sur le sujet, "il est difficile d'estimer clairement les effets de cette thérapie."
L'état actuel des connaissances semble toutefois pencher pour une utilité contre les douleurs chroniques (lombalgie, migraine, arthrose) et les nausées après une chimiothérapie. L'institut national du cancer estime quant à lui que "si les médecines complémentaires peuvent soulager, elles ne peuvent en aucun cas remplacer les traitements habituels du cancer. Certaines peuvent avoir des effets secondaires ou interagir avec les traitements prescrits par le médecin." Il est donc important d’en parler avec lui.