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Santé

Autisme: une centaine de députés signent un texte contre la psychanalyse

La proposition de résolution juge les pratiques psychanalytiques "inefficaces" dans la prise en charge de l'autisme

La proposition de résolution juge les pratiques psychanalytiques "inefficaces" dans la prise en charge de l'autisme - AFP

Des députés, majoritairement Les Républicains, ont proposé une résolution visant à interdire la psychanalyse dans la prise en charge de l'autisme. De leur côté, les psychanalystes dénoncent ce qu'ils appellent "la science d'Etat".

La proposition de résolution d'un groupe de députés fait bondir des psychanalystes. Des élus invitent le gouvernement à "condamner et interdire les pratiques psychanalytiques sous toutes leurs formes", dans la prise en charge de l'autisme.

La psychanalyse "inefficace" selon les députés

Présentée jeudi à l'Assemblée nationale, cette proposition, qui n'a pas la valeur contraignante d'une loi, juge la psychanalyse "inefficace" et prône que seules les thérapies et programmes éducatifs pour autistes conformes aux recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) devraient être "autorisés et remboursés".

La proposition est signée par une centaine de députés, principalement Les Républicains, dont Daniel Fasquelle, Laurent Wauquiez, Bernard Debré, Bernard Accoyer et Nathalie Kosciusko-Morizet, mais aussi par Thomas Thevenoud (ex-PS). En dépit des avancées, 80% des enfants atteints du trouble du spectre autistique (TSA) sont exclus de l'école en milieu ordinaire, relèvent notamment les signataires dans l'exposé des motifs de cette démarche.

"réallouer en totalité les financements"

Les recommandations de bonnes pratiques de prise en charge émises en mars 2012 par la HAS sont "d'importance vitale pour l'amélioration de la prise en charge de l'autisme", souligne le texte de résolution qui invite le gouvernement à "réallouer en totalité les financements" aux "approches validées scientifiquement et ayant fait preuve de leur efficacité", au détriment de celles qui ne sont pas recommandées, en l'occurrence la psychanalyse.

Selon la résolution, le gouvernement doit amener la Fédération française de psychiatrie à reconnaître "sans aucune réserve et officiellement" les recommandations de la HAS afin de "renoncer au packing (enveloppement du patient dans des linges froids et humides), à la psychanalyse et à toutes les approches maltraitantes".

La "science d'Etat" dénoncée par les psy

Cette proposition serait "préjudiciable à la majorité des sujets autistes", affirment de leur côté des psychanalystes outrés par les menaces sur le plan économique et pénal.

Le collectif des 39 (des professionnels signataires d'un appel visant à restituer leur honneur aux patients) réclame le retrait des recommandations de la HAS et appelle à signer la pétition sur change.org contre la "science d'Etat" approuvée notamment par des psychiatres d'enfants. 

La CIPPA (Coordination internationale de psychothérapeutes psychanalystes s'occupant d'autisme), présidée par le pédopsychiatre Bernard Golse, estime que la psychanalyse "ne peut être tenue responsable des dérives maltraitantes" et qu'elle représente "un moyen irremplaçable pour atténuer la souffrance psychique" des autistes. Dans Libération, Bernard Golse, par ailleurs directeur du service de pédopsychiatrie à l'hôpital Necker, à Paris, dénonce "cette interférence du politique dans le contenu du soin". 

M.L. avec AFP