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Antidiabétiques, antidépresseurs... La consommation de certains médicaments en hausse

Image d'illustration - Gélules de médicaments

Image d'illustration - Gélules de médicaments - Frolicsomepl - Pixabay - CC

Une étude sur l'achat de médicaments par les Français ces douze derniers mois note l'augmentation de la consommation de certains traitements, probablement en lien avec la crise du Covid-19.

La consommation de médicaments antidiabétiques et cardiovasculaires (notamment des statines) mais aussi des anxiolytiques, des hypnotiques et des antidépresseurs a marqué une nette hausse début 2021, une augmentation qui concerne particulièrement les prescriptions pour de nouveaux patients, selon une étude publiée jeudi par l'Assurance maladie et l'Agence du médicament, via le groupement d'intérêt scientifique EPI-PHARE. Cette étude décrit l'évolution de la consommation des médicaments en France entre le 16 mars 2020 et le 25 avril 2021.

Leurs données proviennent du Système National des Données de Santé (SNDS), et le rapport cette année porte selon eux "sur 4 milliards de lignes de prescriptions remboursées par l'assurance maladie à 51,6 millions d'assurés du régime général".

"Les effets délétères sur la santé de la baisse contrainte de l'activité physique"

Le rapport note "une hausse marquée des instaurations pour la majorité des médicaments des traitements cardiovasculaires et antidiabétiques par rapport à l’attendu". Ainsi depuis le début de l'année, les ventes d'antidiabétiques et de statines (contre l'excès de cholestérol) sont nettement supérieures au niveau attendu (estimé à partir du niveau de 2018-2019): de 4,4% et 5,7% respectivement.

Cette augmentation concerne "tout particulièrement les instaurations" de traitement, soit les nouveaux patients. Sur les quatre premiers mois de 2021, elles sont supérieures de 14,7% au niveau attendu pour les traitements contre l'hypertension, de 11% pour ceux contre le diabète. La hausse est même de 24% pour les statines, un niveau "inédit", constate Alain Weill, directeur adjoint d'Epi-Phare, y voyant "une conséquence indirecte de la crise sanitaire".

Évolution des instaurations des antidiabétiques non insuliniques observées en 2020 et 2021 par rapport
à l’attendu
Évolution des instaurations des antidiabétiques non insuliniques observées en 2020 et 2021 par rapport à l’attendu © EPI PHARE
"Ces augmentations marquantes peuvent notamment s’expliquer par les effets délétères sur la santé de la baisse contrainte de l’activité physique imposée par la succession des différentes mesures de restrictions" dues à l'épidémie de Covid-19, note le rapport, qui souligne aussi "la prise de poids observée dans la population et une alimentation probablement modifiée".

Une augmentation de 1,9 million des prescriptions d'antidépresseurs

Sur le plan psychiatrique, l'augmentation de l'usage des anxiolytiques, des hypnotiques et des antidépresseurs s'est amplifiée début 2021 avec des délivrances en pharmacie supérieures de 5% à 13%, selon les médicaments, et des hausses d'instaurations de traitements - nouveaux patients - supérieures de 15% à 26% au niveau attendu.

Cette augmentation "reflète probablement l’impact psychologique important de l’épidémie de Covid-19 sur la population française et de ses conséquences médicales, sociales, professionnelles et économiques", jugent les auteurs. Les psychiatres et psychologues ont alerté à plusieurs reprises ces derniers mois au sujet des effets de la crise sanitaire sur l'état psychologique de la population.

Nombre par quinzaine des délivrances sur ordonnance d’antidépresseurs en 2018, 2019, 2020 et 2021
– comparaison observé sur attendu
Nombre par quinzaine des délivrances sur ordonnance d’antidépresseurs en 2018, 2019, 2020 et 2021 – comparaison observé sur attendu © EPI-PHARE

Depuis le début du premier confinement en mars 2020, on observe une augmentation de 1,9 million des prescriptions d'antidépresseurs, de 440.000 d'antipsychotiques, de 3,4 millions de tranquillisants et de 1,4 million de somnifères, par rapport au niveau attendu.

Moins de vaccination chez les enfants

"Autre tendance inquiétante": la vaccination des enfants - dont celle des nourrissons nés en 2020-2021 et adolescents - a "continué d’accuser un fort déficit en ces 4 premiers mois de l’année". Le rapport note par exemple concernant les vaccins anti-HPV (infections à Papillomavirus humains) une forte baisse chez les jeunes filles "des délivrances initiée pendant le 1er confinement de 2020" qui "s’est poursuivie jusqu’au 25 avril 2021" avec -33% sur l’ensemble de l’année 2020 et -27% sur les 4 premiers mois de 2021.

"Cette baisse des vaccinations qui se poursuit en 2021 contraste avec la forte demande en vaccin contre le virus de la Covid-19, vaccination qui a concerné plus de 23 millions de personnes en 5 mois", note le rapport.

Par ailleurs, l'étude montre une augmentation de l'utilisation des produits indispensables pour diagnostiquer et suivre des cancers ou des maladies graves (coloscopies, scanners, IRM). Mais, "pas suffisante pour rattraper les retards importants" de 2020, dus notamment à la déprogrammation d'actes médicaux en raison de la saturation des hôpitaux.

D'autre part, la "baisse spectaculaire de la prescription d'antibiotiques s'est poursuivie en 2021" en lien avec la diminution d'infections (hors Covid) consécutive probablement à la distanciation sociale et au port du masque: un quart (24,8%) des traitements antibiotiques habituels n'ont pas été prescrits (moins 4,7 millions de traitements).

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon avec AFP Journaliste BFMTV