Androcur et risque de tumeur: une IRM désormais obligatoire avant toute prescription

- - PHILIPPE MERLE / AFP
Une IRM du cerveau avant toute prescription d'Androcur. C'est la condition posée par l'Agence du médicament (ANSM) ce lundi dans la foulée des révélations sur les dangers de ce contraceptif hormonal, prescrit à 90.000 femmes en France et accusé de causer des tumeurs cérébrales quand il est pris de façon prolongée et à haute dose.
Selon une étude de l'ANSM et de l'Assurance maladie publiée fin août, l'acétate de cyprotérone, commercialisé par Bayer sous le nom d'Androcur, est en effet suspecté de multiplier les risques de tumeur au cerveau. La prise d'Androcur est particulièrement associée à des cas de méningiomes, une tumeur souvent bénigne mais à l'origine de séquelles plus ou moins sérieuses.
Selon les chiffres de l'Agence du médicament, en cas de fortes prises sur plus de six mois, l'Androcur multiplie les risques de tumeur par sept. A cinq ans, ce risque est même 20 fois plus élevé.
Déconseillé pour traiter l'acné
Le comité d'experts réuni par l'agence sanitaire le 1er octobre s'est prononcé dans une lettre aux professionnels de santé "pour le maintien de la commercialisation de l'acétate de cyprotérone 50 mg en France dans son indication actuelle chez la femme: hirsutismes féminins majeurs lorsqu'ils retentissent gravement sur la vie psychoaffective et sociale" tout en renforçant "l'encadrement et le suivi de ces traitements".
Ces patientes - mais aussi ces patients, l'Androcur pouvant être prescrit pour soigner un cancer de la prostate - devront donc désormais subir une IRM du cerveau avant le début du traitement pour s'assurer qu'ils ne souffrent pas déjà d'un méningiome. Si l'IRM est normale, elle sera renouvelée cinq ans après le début du traitement, puis tous les deux ans.
L'ANSM déconseille en revanche l'utilisation d'Androcur et de ses génériques pour traiter des problèmes moins graves tels que l'acné, la peau grasse ou une pilosité modérée ainsi que chez l'enfant et la femme ménopausée.
Traitement prolongé et fortes doses à proscrire
Interrogé par l'Agence France-Presse, Jean-Michel Race, directeur des médicaments d'endocrinologie et de gynécologie à l'ANSM, ajoute que ce traitement doit être administré aux doses minimales efficaces et "en limitant au maximum les traitements prolongés". Ainsi, "les utilisations prolongées et à fortes doses sont à proscrire".
Un numéro vert (0805 04 01 10) a été mis en place pour répondre à toutes les interrogations des patients traités par Androcur.