Les prix des galettes des rois sont-ils vraiment justifiés?

Il faut mettre la main au portefeuille pour tirer les rois cette année. Le prix des galettes à la frangipane, consommées début janvier à l'occasion de l'Épiphanie, a augmenté en moyenne en ce début 2023 de 10% par rapport à l'année passée. Si les boulangers évoquent la hausse des tarifs des matières premières et de l'énergie, cette hausse est-elle malgré tout justifiée?
23,80 euros en moyenne à Paris
Vendues 20 euros, 30 euros, voire parfois jusqu'à 50 euros dans des pâtisseries haut de gamme, on écarquille parfois les yeux au vu du tarif de certaines galettes des rois en ce mois de janvier.
En moyenne, ces pâtisseries à la frangipane pour 6 personnes sont mises à la vente à 15 euros dans les boulangeries de province et à 23,80 euros dans les boulangeries parisiennes, selon une enquête de France Info. Un an plus tôt, les prix s'élevaient respectivement à 13,80 euros et 21,80 euros.
Produit phare du début de l'année, les galettes permettent aux boulangers de réaliser de fortes marges. "En général, un boulanger dégage 70% de bénéfice sur une galette: cette année nous serons plus sur 40-50%", indique cependant un artisan du Loir-et-Cher dans Le Parisien.
Savoir-faire coûteux et hausse des tarifs de l'électricité
Des prix justifiés, "par rapport au boulot que ça représente, au temps qu'on passe (à la confectionner)", assure à BFMTV Benjamin Turquier, propriétaire de la boulangerie "Tout autour du pain", à Paris.
En cause notamment, selon lui, "le feuilletage" de la pâte qui nécessite deux jours de travail, mais aussi la hausse des tarifs de l'électricité ces derniers mois, alors que la galette nécessite au moins 45 minutes de cuisson. La confection d'un tel produit nécessite le savoir-faire d'"au moins une dizaine de personnes", ajoute-t-il.
Les hausses des prix des galettes sont cependant plus élevées que l'inflation moyenne. Une tendance qui s'explique par l'augmentation des prix très importante des matières premières.
"Le beurre a pris 70% de hausse, la farine 30%, les œufs entre 50 et 100%, le sucre plus de 50%", liste auprès de France Info Dominique Anract, président de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française (CNBPF), pour qui augmenter le prix des galettes est "une question de survie" pour les commerçants.
De trop nombreuses galettes industrielles
Face à cette hausse des prix, certains professionnels trouvent des parades, en remplaçant par exemple le beurre par de la margarine, moins chère, ou renoncent à une partie de leur personnel.
Certains boulangers ne peuvent malgré tout pas se permettre de confectionner les galettes eux-mêmes. Résultat, ils vendent une version industrielle, faite parfois plusieurs mois avant sa mise en vente, et achetée beaucoup moins chère.
"C'est autour de 8,20 euros le kilo, ou 8,70 euros, 7,58 euros même", constate Benjamin Turquier en consultant les catalogues reçus par des fournisseurs.
Baisse des ventes en boulangerie
Difficile de savoir combien exactement de ces galettes surgelées sont vendues actuellement en boulangerie. "Si on se base sur ce qui se fait en croissants, on pourrait imaginer qu'entre deux-tiers et trois-quarts des points de vente boulangers (en proposent)", avance l'artisan.
Problème, ces galettes sont vendues à des tarifs similaires aux galettes artisanales et la différence avec une galette artisanale n'est pas toujours évidente à faire à l'œil nu pour le consommateur. D'autant que les boulangers n'ont aucune obligation de préciser l'origine du produit.
Conséquence, de plus en plus de Français se tournent désormais vers les grandes surfaces pour trouver des pâtisseries aux tarifs plus abordables. Début janvier, Dominique Anract notait auprès de France Bleu une baisse des ventes de "40% à 60%" en moyenne dans les boulangeries depuis la crise sanitaire.