À cause de la pollution, l'ARS préconise de ne plus consommer les oeufs de poulaillers domestiques franciliens

Une recommandation "de logique et de prudence". L'Agence Régionale de Santé (ARS) d'Île-de-France appelle à la plus grande vigilance. Après avoir été alertée sur la forte concentration de dioxines présents dans les œufs issus de poulaillers domestiques situés à proximité de l’incinérateur d’ordures ménagères d'Ivry-sur-Seine, l'autorité sanitaire a mené une enquête à l'échelle régionale sur cette pollution.
Les résultats sont sans appel. Dans un communiqué publié mercredi, l'ARS, qui affirme avoir étudié 25 poulaillers domestiques dont 14 situés à proximité des trois principaux incinérateurs de déchets autour de Paris, pointe la mise en évidence d'une contamination de l’ensemble des prélèvements de sols et d’œufs par les trois familles de polluants organiques persistants (POP): dioxines, furanes et PCB.
"Aujourd’hui on a dans la plupart des poulaillers que nous avons expertisé des doses qui vont deux ou trois fois au-dessus des normes réglementaires", indique à BFMTV Luc Ginot, directeur de la santé publique à l'ARS Île-de-France.
Ce dernier indique que ces POP, qui restent dans l’environnement pendant longtemps, peuvent présenter des risques pour la santé (cancers ou de troubles à la fertilité) en cas d'exposition à très long terme.
Décision "conservatoire et prudentielle"
Dans l'attente des résultats définitifs de ces travaux afin d'identifier l'origine de la pollution, l'ARS préconise, "de façon conservatoire et prudentielle", "la non-consommation des œufs et des produits animaux de production domestique non contrôlée, sur l’ensemble de la région francilienne."
En revanche, cette non-consommation ne concerne pas les œufs issus de la filière commerciale, "qui font l’objet de contrôles prévus réglementairement."
"Aucun oeuf ou produit laitier mis en commercialisation n’échappe au contrôle sanitaire", a assuré à BFMTV Luc Ginot, "le reste de la consommation des oeufs est contrôlée".
Auprès de BFMTV, Tanguy, gestionnaire d’un poulailler urbain aux œufs non commercialisés, assure ne pas vouloir changer ses habitudes et continuer de consommer ses produits. "Je sais ce que mangent mes poules, je leur donne du grain bio qui vient d’une ferme à 15 kilomètres de chez moi, il n’y a pas de produits chimiques", dit-il.
"On a un terrain qui n’a pas été traité depuis qu’on l’a, depuis au moins vingt ans, il n’y a pas de produits chimiques dedans. Je ne vois pas de raisons de ne plus les consommer", martèle-t-il encore.
Graves conséquences sanitaires
Dans une annexe de ce communiqué, l'ARS fait le point sur ces polluants organiques persistants (POP). Parmi eux, les dioxines et furanes, qui sont justement des "sous-produits indésirables de la combustion des déchets."
Puis, viennent les PCB, dont la production est désormais interdite en France, qui pouvaient "également être rejetés par les incinérateurs, mais dans une moindre proportion que les dioxines et furanes." Leur présence dans l'environnement est "due aux anciens usages en milieu urbain", selon l'ARS.
La consommation régulière de ces POP est un réel enjeu sanitaire puisqu'elle entraîne "une imprégnation progressive de l’organisme." A long terme, cette imprégnation peut provoquer "une augmentation du risque de cancer, de troubles de la fertilité et de la grossesse, d’effets métaboliques comme le diabète."
Il n'existe pas de traîtement pour les éliminer de l'organisme.