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Aide respiratoire, séquelles... Quatre infectés du botulisme encore en réanimation huit mois après la contamination

Une conserve artisanale de pesto suspectée d'avoir causé des cas de botulisme

Une conserve artisanale de pesto suspectée d'avoir causé des cas de botulisme - Ministère de la Santé

En septembre, cinq trentenaires ont été hospitalisés après avoir consommé des conserves de pesto à l'ail des ours de la marque "O Ptits Oignons". Des analyses avaient confirmé la présence de la bactérie du botulisme.

Huit mois après leur contamination par le botulisme lors d'un repas d'anniversaire en septembre, quatre des cinq personnes victimes de la bactérie sont encore en réanimation, même si leur état général est "encourageant", tandis que l'enquête se poursuit.

"La très bonne nouvelle, c'est que sur les cinq personnes concernées, une est déjà sortie du service. L'autre bonne nouvelle, c'est que l'état des quatre autres s'est également amélioré au fil du temps: les patients sont encore hospitalisés en réanimation, mais leur état général va mieux", a indiqué Pierre-François Dequin, médecin-réanimateur au CHRU de Tours.

En septembre, cinq trentenaires se sont présentés aux urgences après avoir consommé des conserves de pesto à l'ail des ours de la marque "O Ptits Oignons", au cours d'un repas d'anniversaire organisé en Indre-et-Loire. Elles ont été hospitalisées dans un état grave. Des analyses ont rapidement confirmé la présence de la bactérie du botulisme.

"Aujourd'hui, s'il est encore trop tôt pour anticiper d'éventuelles séquelles", toutes "peuvent mesurer les progrès accomplis", selon le Pr Dequin.

Un ou deux patients encore sous assistance respiratoire

Les quatre personnes encore hospitalisées "arrivent parfaitement à parler". "Il y a un ou deux patients qui demandent encore un peu d'assistance respiratoire la nuit, mais on va encore progresser dans le bon sens", espère-t-il.

"Mais chacun d'eux a conscience des progrès qu'il reste à accomplir", nuance Pierre-François Dequin. Une fois sortis du service de réanimation, une longue "phase de rééducation" les attend, "d'abord en centre".

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L'idée, "c'est qu'ils puissent ensuite rentrer chez eux dès que possible, pour continuer la kinésithérapie" de leur côté et relancer des muscles à l'arrêt total, ou presque, depuis le début de leur hospitalisation.

Des risques de syndrome post-réanimation avec des "troubles du sommeil ou des angoisses" peuvent également survenir, mais "l'évolution de leur état global reste très encourageante", selon le Pr Dequin.

Pour faire face, "les familles ont été très présentes, elles ont aussi connu des périodes très difficiles", précise-t-il. "Leurs visites sont primordiales: elles rappellent aux patients qu'ils ont une vie ailleurs et que leur passage ici n'est qu'une parenthèse".

Une enquête en cours depuis le 30 septembre 2024

Concernant le volet judiciaire, "l'enquête est en cours dans le cadre de l'information judiciaire ouverte le 30 septembre 2024, contre la personne physique et contre sa société" à l'origine des pots de pesto, a indiqué la procureure de la République de Tours Catherine Sorita-Minard.

L'infraction de "blessures involontaires avec incapacité totale de travail supérieure à trois mois par violation manifestement délibérée d'une obligation de prudence ou de sécurité" avait notamment été retenue.

"Il n'y a pas encore eu de mise en examen dans ce dossier. Plusieurs des victimes se sont constituées partie civile et ont accès au dossier", a ajouté Mme Sorita-Minard, précisant que les investigations se poursuivent et portent notamment sur "le matériel utilisé pour stériliser" et sur le fabricant des conserves.

Il reste par exemple à déterminer si cette contamination est survenue après "une violation délibérée d'une obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi" ou, au contraire, après maladresse ou négligence, par exemple, du producteur.Ce dernier n'a pas souhaité s'exprimer.

Le botulisme est une affection neurologique rare et grave, mortelle dans 5 à 10% des cas, provoquée par une toxine très puissante produite par une bactérie qui se développe dans les aliments mal conservés, faute de stérilisation suffisante.

"Très rare", notamment "grâce aux progrès de la sécurité alimentaire" selon le Pr Dequin, le botulisme reste "une affection gravissime" et "vigoureusement dangereuse".

En septembre 2023, seize clients, dont une femme qui en est décédée, ont été identifiés comme "cas suspects de botulisme" après avoir mangé des sardines en conserve de fabrication artisanale dans un restaurant touristique du centre de Bordeaux.

I.H avec AFP