1 Français sur 4 pense que les médicaments en vente libre sont sans danger

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Maux de gorge, fièvre, douleurs digestives, blessures légères... L’automédication désigne le fait pour un patient d’avoir recours à un ou plusieurs médicaments de prescription médicale facultative, dispensé dans une pharmacie et non prescrit par un médecin. Si leur recours est utile pour soigner les petits maux du quotidien, il ne faut pas oublier pour autant que cette pratique comporte des risques et qu'un médicament, même sans ordonnance, nécessite des précautions.
Or, les Français ne sont pas tous bien informés dans ce domaine, comme le montre un sondage Odoxa pour Le Figaro, France Inter et la MNH car 25% des sondés affirment en effet que ces médicaments ne représentent aucun risque ou contre-indication. Pour le reste des sondés, les risques sont bien présents mais minimisés. Ainsi, 35% des Français estiment que les médicaments sans ordonnance représentent un risque s'ils sont consommés à haute dose.
Enfin, pour 40% d'entre eux, les médicaments sont vendus sans ordonnance parce qu'ils peuvent représenter des risques mais que ceux-ci sont trop rares pour les soumettre à ordonnance. Pourtant, l'automédication a ses limites puisque se soigner seul est réellement dangereux dans certains cas. L'Ordre des médecins met ainsi en garde dans un rapport contre "l'automédication non-contrôlée", "c’est à dire ne respectant pas les règles d’utilisation des médicaments: précautions, mises en garde, contre-indications...".
Les limites de l'automédication
"Les risques observés sont liés à l’absence du contrôle possible des posologies, de la durée du traitement, des interactions médicamenteuses, des effets iatrogéniques, allergiques ou d’incompatibilité, des dates de péremption des médicaments", explique-t-elle. S'ajoute à cela le fait que cette pratique peut aussi "masquer la survenue possible d’une pathologie, grave parfois". Un risque qui entraîne une prise en charge médicale tardive et donc un retard de diagnostic.
Le sondage montre que les Français sont en revanche conscients d'une autre problématique liée à l'automédication mais pas uniquement, celle du détournement de médicaments à des fins récréatives. Le cas le plus récent concerne le détournement de la codéine, contenue dans certains médicaments sans ordonnance (antidouleur, sirop contre la toux). Cet antalgique de la même famille que l'opium est utilisé, notamment par les jeunes, à des fins de "défonce" en raison de ses effets euphorisants.
Deux adolescents sont morts depuis le début de l'année pour cette raison. La maman de Pauline, 16 ans, morte d'un arrêt cardiaque en mai dernier, a ainsi lancé une pétition pour interdire la vente libre de substances à base de codéine. En 2014, l'AP-HP alertait aussi sur le "Purple Drank", une boisson qui comprend un sirop contre la toux à base de codéine et un antihistaminique mélangé avec un soda et qui induit un état de "défonce", lié aux propriétés sédatives des médicaments utilisés.
Soumettre à ordonnance les médicaments détournés?
"Parmi les événements indésirables déclarés, on observe une baisse de la vigilance, une forte somnolence, une confusion chez les patients avec des troubles de l’élocution et des crises convulsives. Bien qu’en vente libre dans les officines, les produits antalgiques et antitussifs à base d’opiacé restent néanmoins des médicaments dont il faut respecter les indications et l’usage.", expliquait l'AP-HP à cette occasion.
Ainsi, près de deux tiers des sondés (63%) ont entendu parler de ce phénomène de détournement de la codéine largement relayé par les médias, dont 22% précisément. Même si le nombre de cas signalés est limité, la plupart se prononcent pour le risque zéro, quitte à contraindre une grande majorité de patients. Une petite majorité (65%) estime en effet qu'il faut soumettre à ordonnance tous les médicaments dont les composants peuvent être détournés.