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Vis ma vie de femme politique: "Il vous tape sur la cuisse pour vous dire bonjour"

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Le sexisme et le harcèlement sexuel, sont, selon de nombreux témoignages, une réalité quotidienne pour les femmes en politique. Entre petites phrases et gestes déplacés, de jeunes élues ont fait part à BFMTV de leur malaise et de leur envie de faire évoluer les mentalités.

L'affaire Denis Baupin semble délier les langues. Pour les femmes politiques, comme souvent ailleurs dans la société française, le sexisme est une réalité quotidienne. Elles ont à peine 30 ans, et déjà plusieurs années d'expérience dans le monde politique. Plusieurs années, également, à subir les blagues grivoises, les réflexions machistes et les gestes déplacés, au quotidien.

Laura Slimani, présidente des Jeunes socialistes européens, raconte avoir été souvent estomaquée par le sexisme de certains confrères:

"Vous êtes assise au premier rang, lors d'un conseil national du parti, par exemple. Et vous avez un responsable du parti qui passe devant tout le monde, qui sert la main aux hommes qui sont aux premier rang, et à vous, il vous tape sur la cuisse pour vous dire bonjour. Ce genre de choses, des clins d'œil, des remarques sur la tenue vestimentaire", énumère la conseillère municipale de Rouen.

"J'ai envie de te faire une Baupin" (sic)

Dans le milieu politique, peut-être même encore plus qu'ailleurs, les femmes victime du sexisme ont toutes cette même interrogation: comment réagir?

"On ne sait pas s'il faut rendre la pareille, s'il faut s'insurger, s'il faut rigoler…", témoigne Laura Slimani.

Aurore Bergé, élue les Républicains des Yvelines, vit elle aussi fréquemment ce type de malaises. Le dernier en date, ce lundi soir, après la publication d'une série de témoignages effarants, pour la première fois à visage découvert, de femmes élues accusant Denis Baupin de harcèlement et d'agressions sexuels.

"Un premier collègue m'accueille avec cette phrase: 'Aurore, quand je te vois, j'ai envie de te faire une Baupin' (sic). C'est la première phrase", commence Aurore Bergé. "Et puis un deuxième collègue, qui est juste à côté et qui à mon avis ne veut pas être en reste dans la blague potache, et qui me dit: 'quand on te voit, Aurore, on a le bâton de berger'(sic)".

"Quelque chose d'intégré dans le jeu politique"

Des paroles grossières, humiliantes, devenues presque ordinaires. Et rares sont les femmes politiques qui osent en parler. Dans le milieu, la culture de l'omerta - comme la culture du sexisme - est toujours très présente sur ces sujets.

"C'est presque quelque chose qui est intégré dans le jeu politique: tu veux être un homme en politique, sois un homme", explique Aurore Bergé. "Donc on dit qu'il faut 'avoir des couilles', qu'il faut 'les mettre sur la table'. Les femmes ont intériorisé ça et n'ont pas forcément envie d'être ramenées à leur condition de femme".

Pour Laura Slimani comme pour Aurore Bergé, une seule solution s'offre à la société: dénoncer et punir systématiquement ces comportements, pour que ceux qui font les lois soient aussi exemplaires dans les actes que dans les discours.

C. P. avec Stéphane Beaugeard, Clothilde Hazard et Kelly Laffin