"Une erreur" désormais "corrigée": comment le gouvernement tente d'éteindre l'affaire Delevoye

Jean-Paul Delevoye - Lionel BONAVENTURE / AFP
Ces dernières heures, on ne comptait plus le nombre de ministres invités sur les ondes pour parler de la réforme des retraites. Mais impossible pour eux d'éviter la polémique du moment: les oublis à répétition de Jean-Paul Delevoye. Accusé de conflits d'intérêts et de cumul d'activités prohibé, le haut-commissaire aux Retraites a finalement démissionné ce lundi: dans une nouvelle déclaration à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, il avait fini par déclarer 13 mandats, dont 11 bénévoles, contre trois mentionnés initialement.
Le mot d'ordre au sein de l'exécutif était pourtant simple: l'affaire Delevoye n'en est pas une. En annonçant rembourser les sommes perçues malgré les interdictions de cumul, le haut-commissaire avait, pour la majorité, clos le débat et réparé ainsi son "erreur". Une défense récurrente en politique, dans des cas très variés: en avril déjà, Nathalie Loiseau plaidait "une erreur de jeunesse" concernant sa candidature sur une liste d'extrême droite en 1984. François Fillon parlait, lui aussi, d'"erreur", en 2017, au sujet de l'embauche de sa femme, puis de ses enfants.
Faute avouée en partie pardonnée?
Depuis ce dimanche, le gouvernement misait d'une seule voix sur cette stratégie qui voudrait qu'en politique une faute avouée peut être en partie pardonnée. Ainsi, ce lundi 16 décembre, Bruno Le Maire, ministre de l'économie, a affirmé sur BFMTV: "Il a fait une erreur, il a corrigé son erreur. Il a démissionné des ses mandats, dont la plupart étaient bénévoles, et il a remboursé les sommes qu'il devait. Voilà."
"Je n'ai rien de plus à dire. Il a fait une erreur, il a corrigé, il a remboursé et il a été confirmé par le Premier ministre", a-t-il poursuivi.
Invitée des 4 Vérités, sur France 2, la ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne a indiqué considérer les révélations concernant le haut-commissaire aux retraites comme "une façon de le déstabiliser". Elle a ajouté: "Manifestement, il a fait des erreurs qu'il a reconnu. Il va rembourser un certain nombre de sommes qu'il n'aurait pas dû recevoir. Moi, je pense que c'est quelqu'un de très droit. Le Premier ministre lui a renouvelé sa confiance. Je ne vais pas commenter davantage."
Dimanche 15 décembre, Jean-Michel Blanquer déclarait déjà sur RTL : "Il a commis une erreur (...) C'est une erreur sans aucun doute. On parle de 13 mandats, mais n'oublions pas que 11 d'entre eux sont bénévoles. Ça dit aussi la personnalité de Jean-Paul Delevoye, qui est quelqu'un de très investi dans la vie associative, qui est un homme du nord, pétri de l’intérêt général et je ne voudrais pas que sur cette erreur-là on abuse de la façon que l'on a de l'attaquer"
"En aucun cas, à mes yeux, il ne serait pas à même de continuer à mener cette réforme si importante pour les Français", a, lui, assuré Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement, dimanche 15 décembre sur franceinfo. "Il a fait une erreur. Mais je crois que ce qui est important quand on fait une erreur c'est de le reconnaître, ce qu'il a fait, et puis de la corriger, ce qu'il a fait également immédiatement. Et je crois qu'il est aussi important de souligner que derrière tout ça, il n'y a aucune volonté de dissimuler quoi que ce soit de la part de Jean-Paul Delevoye."
Omissions de Jean-Paul Delevoye : "Il a fait une erreur", regrette Julien Denormandie, le ministre du Logement. "Je ne doute pas de sa bonne foi." pic.twitter.com/WER1jK8V0O
— franceinfo (@franceinfo) December 15, 2019
"Il a fait une bêtise"
Unique voix quelque peu dissonante au sein de la majorité: Agnès Pannier-Runacher. La secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances parle elle de "bêtise". Elle n'a pas caché son embarras sur BFM Business où elle était l'invitée de l'émission Good Morning Business. Elle a reconnu qu'"un ministre doit être exemplaire, sur les sujets de rémunération. "Le sujet de la rémunération est le sujet le plus problématique, a-t-elle expliqué. Il a fait une bêtise, il doit en assumer la responsabilité, mais (…) il y a une espèce de volonté d'aller lui taper dessus."