Sexisme en politique: Anne Hidalgo épingle publiquement le maire du Plessis-Robinson

Anne Hidalgo le 17 novembre 2014 à la mairie de Paris. - Stéphane de Sakutin - AFP
Dans la foulée du scandale qui a mis en cause le député Denis Baupin, accusé de harcèlement et agressions sexuels, de nombreuses femmes politiques se sont engagées à ne plus jamais se taire. C'est en s'associant à cette volonté de briser la loi du silence que la maire de Paris a publié une lettre mardi sur Twitter, volontairement posée sur la scène publique. S'adressant au maire du Plessis-Robison (Hauts-de-Seine), Philippe Pemezec, Anne Hidalgo le met en cause pour des "injures" sexistes.
La scène se serait déroulée le samedi 5 juin, lors de la cérémonie de lancement du chantier du Grand Paris Express à Clamart. Alors que la maire de Paris était visiblement entourée de plusieurs collègues, Philippe Pemezec, qui se trouvait un peu plus loin, aurait lâché à son auditoire:
"Qu'est-ce qu'ils ont tous à se précipiter autour d'elle, tous ces mecs? Ils sont comme 'Un Tel' à vouloir se faire tailler des pipes par Hidalgo".
La maire de Paris, qui n'a été témoin direct de ces propos, assure dans sa lettre en avoir vérifié la teneur en recoupant l'information auprès de "plusieurs témoins".
"En vous écrivant aujourd’hui, j’ai conscience de donner à votre vulgarité une notoriété qu’elle ne mérite guère", souligne Anne Hidalgo dans son texte, expliquant se "résou[dre] à rendre publique cette chronique du sexisme ordinaire (...) en pensant à toutes les femmes qui sont contraintes au silence face à l’inacceptable".
Déjà condamné pour injures sexistes en 2011
Philippe Pemezec n'a pas tardé à réagir en publiant, toujours sur Twitter, une lettre en réponse. A la lire, c'est un dialogue de sourds qui s'engage. Le maire du Plessis-Robinson ne fait aucune référence aux accusations d'Anne Hidalgo ni à ses possibles propos sexistes. Il parle seulement d'une "démarche calculée". L'élu Les Républicains fait ensuite deux hypothèses sur les raisons politiques qui pourraient expliquer que la maire socialiste l'attaque: faire taire un édile critique envers son action ou affaiblir le potentiel rival de son mari aux prochaines législatives.
Philippe Pemezec est connu pour ses sorties polémiques. Dans les années 2000, il avait qualifié Nicole Abar, une footballeuse internationale qui entraînait la section féminine du Football Club du Plessis-Robinson, de "brouteuse de pelouse", ce qui lui avait valu d'être poursuivi en justice pour "injure publique".
En 2011, il a été condamné par un tribunal correctionnel pour "propos injurieux" après avoir traité, en plein conseil municipal, l'opposant socialiste Benoît Marquaille de "falsificateur", "menteur", "minable politique", ...
Plus récemment, Philippe Pemezec a été mis en cause pour avoir pratiqué une politique de logement social discriminatoire. Attaqué pour avoir attribué un logement HLM à sa fille, il a finalement été relaxé dans cette affaire.