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Sarkozy va tenter de ramener le débat sur les retraites

Nicolas Sarkozy va tenter lundi de calmer la tempête de l'affaire Woerth-Bettencourt lors d'une intervention télévisée et de ramener le débat politique sur ses réformes, dont celle cruciale à ses yeux des retraites. /Photo prise le 7 juillet 2010/REUTERS/

Nicolas Sarkozy va tenter lundi de calmer la tempête de l'affaire Woerth-Bettencourt lors d'une intervention télévisée et de ramener le débat politique sur ses réformes, dont celle cruciale à ses yeux des retraites. /Photo prise le 7 juillet 2010/REUTERS/ - -

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy va tenter lundi de calmer la tempête de l'affaire Woerth-Bettencourt lors d'une intervention télévisée et de...

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy va tenter lundi de calmer la tempête de l'affaire Woerth-Bettencourt lors d'une intervention télévisée et de ramener le débat politique sur ses réformes, dont celle cruciale à ses yeux des retraites.

Après une folle semaine d'enquête autour du ministre du Travail Eric Woerth, soupçonné de conflit d'intérêts et de financement politique illégal, le chef de l'Etat veut croire que les accusations le visant personnellement se sont effondrées.

L'Elysée assure que l'idée de participer à une émission sur France 2 est née il y a plusieurs jours et juge naturel que Nicolas Sarkozy s'exprime à la veille de la présentation en conseil des ministres de la réforme des retraites.

Mais pour le président socialiste de la commission des finances, Jérôme Cahuzac, la parole de Nicolas Sarkozy "est usée" face "à une crise de régime".

"Il est allé au bout de ce qu'il peut faire par les mots, les Français attendent des actes", dit-il dans le Journal du dimanche (JDD).

Le président du MoDem François Bayrou, qui appelle à un "sursaut républicain", juge pour sa part "urgent que le président s'exprime sur le sujet "des affaires".

"Les situations sont aussi glauques les unes que les autres. Les Français ne peuvent pas accepter plus longtemps la décomposition qui est en train de se produire", a-t-il dit dimanche sur Europe 1.

Les débats se sont crispés la semaine dernière avec une salve de critiques virulentes portées par des proches de Nicolas Sarkozy contre la presse, en particulier envers le site d'information Mediapart, accusé d'utiliser des "méthodes fascistes."

SUSPICION SUR LE PROCUREUR

La majorité compte sur la lassitude des Français envers les "affaires" et le rapport commandé à l'Inspection générale des finances (IGF) est attendu au début de la semaine pour desserrer l'étau autour d'Eric Woerth.

Même s'il s'estime sorti d'affaire, le chef de l'Etat n'en soutient pas moins avec toute sa garde rapprochée Eric Woerth, l'homme chargé de conduire la réforme des retraites et qui a exclu jusqu'à présent de démissionner.

Le gouvernement répète que le ministre du Travail n'est pas fragilisé pour défendre une réforme combattue par la quasi totalité des syndicats.

Mais Eric Woerth, qui a revendiqué samedi un "soutien incroyable" du président de la République, demande dans le JDD à être entendu par la justice "le plus rapidement possible" pour pouvoir démontrer son innocence.

Son audition, ainsi que celle de son épouse Florence, qui travaillait pour le gestionnaire de fortune de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, paraît de toute façon inéluctable dans le fil des enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine).

En outre, syndicats de magistrats, dirigeants de gauche et l'ex-Premier ministre UMP Dominique de Villepin, réclament la désignation d'urgence d'un juge d'instruction, seul à même, à leurs yeux, de garantir l'impartialité de l'enquête. François Bayrou s'est d'ailleurs joint dimanche à cette demande.

Tous mettent en avant les liens supposés entre le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, et Nicolas Sarkozy.

"SUSPICION"

"Il y a pour l'instant un doute sur les procédures qui sont mises en oeuvre", explique Dominique de Villepin dans Le Parisien, affirmant que les liens d'amitiés entre le chef de l'Etat et le magistrat créent "une suspicion".

Philippe Courroye a répondu qu'il n'en voyait pas la nécessité pour l'instant et a accéléré l'enquête d'une façon spectaculaire à la fin de la semaine dernière en ordonnant des perquisitions et des auditions.

Trois enquêtes visent à étayer ou à démonter les soupçons de conflit d'intérêts, financement politique illégal et évasion fiscale suggérés par des enregistrements pirates effectués au domicile de Liliane Bettencourt, troisième fortune de France.

L'ex-comptable de la milliardaire est partiellement revenue sur des propos évoquant la remise d'enveloppes d'argent au chef de l'Etat lorsqu'il était maire de Neuilly, près de Paris.

Mais elle a maintenu celles visant Eric Woerth, qui aurait reçu selon elle des mains de Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, 150.000 euros destinés à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

Le dossier professionnel de Florence Woerth a été saisi par la police vendredi dans les bureaux du gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, selon le JDD.

Florence Woerth a démissionné fin juin de la société Clymène dirigée par Patrice de Maistre. Elle y avait été embauchée fin 2007 à l'époque où son époux était ministre du Budget, d'où les soupçons de prise illégale d'intérêt.

Gérard Bon, édité par Olivier Guillemain