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Sarkozy reconduit Fillon et soigne la mise en scène

Nicolas Sarkozy a reconduit dimanche François Fillon (à gauche) au poste de Premier ministre moins de 24 heures après avoir accepté sa démission, première étape d'un remaniement ministériel politiquement délicat. /Photo d'archives/REUTERS/Philippe Wojazer

Nicolas Sarkozy a reconduit dimanche François Fillon (à gauche) au poste de Premier ministre moins de 24 heures après avoir accepté sa démission, première étape d'un remaniement ministériel politiquement délicat. /Photo d'archives/REUTERS/Philippe Wojazer - -

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a reconduit dimanche François Fillon au poste de Premier ministre moins de 24 heures après avoir accepté sa...

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a reconduit dimanche François Fillon au poste de Premier ministre moins de 24 heures après avoir accepté sa démission, première étape d'un remaniement ministériel politiquement délicat.

A défaut de créer un électrochoc par le choix d'un nouveau chef de gouvernement, le président de la République a soigné la mise en scène, après cinq mois de faux suspense, en procédant à cette nomination en plein week-end.

François Fillon a pour sa part déclaré dans un communiqué s'engager "avec détermination dans une nouvelle étape".

Celle-ci "doit permettre à notre pays de renforcer la croissance de son économie au service de l'emploi, de promouvoir les solidarités et d'assurer la sécurité de tous les Français", a précisé le Premier ministre.

Autant de têtes de chapitre d'un programme pour les 18 mois qui restent avant l'élection présidentielle de 2012 et sur lequel il pourrait demander la confiance du Parlement après une déclaration de politique générale.

Nicolas Sarkozy et François Fillon ont consulté toute la journée et le Premier ministre est allé rendre compte au chef de l'Etat à l'heure du déjeuner, puis en milieu d'après-midi.

Outre la difficulté de composer un gouvernement "resserré" et "féminisé", comme annoncé par des sources gouvernementales, tout en laissant la place à quelques nouveaux entrants, tel le député-maire de Bordeaux Alain Juppé, le chef de l'Etat et le Premier ministre ont au moins deux autres problèmes à surmonter.

QUE FAIRE DE BORLOO ?

Comment garder au gouvernement le ministre sortant de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, un centriste qui poserait ses conditions pour rester au gouvernement après avoir brigué Matignon en vain pour y apporter une coloration sociale ?

Selon des proches de Jean-Louis Borloo, Nicolas Sarkozy lui a proposé les Affaires étrangères, un grand ministère économique ou un grand pôle affaires sociales.

L'ex-ministre de l'Ecologie menacerait de partir s'il n'a pas un grand ministère de l'Economie, dit-on par ailleurs de sources gouvernementales.

Une telle éventualité serait difficilement acceptable par François Fillon, dont les relations avec Jean-Louis Borloo se sont beaucoup tendues ces derniers mois.

Elle poserait en outre la question de l'avenir de Christine Lagarde et de François Baroin, respectivement ministres de l'Economie et du Budget.

Deuxième point dur : selon des parlementaires proches de Jean-François Copé, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale a décliné le portefeuille de l'Intérieur que lui a proposé samedi le chef de l'Etat.

Jean-François Copé en reste à son offre de prendre la direction du parti présidentiel, tandis que l'actuel ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, s'accroche à son portefeuille, ajoute-t-on de mêmes sources.

"TOUT ÇA POUR ÇA ?"

Le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, a été le premier reçu dimanche matin par François Fillon, ce qui semble accréditer la perspective de son retour au gouvernement.

D'autres ministres semblent assurés de rester, comme celui de l'Education nationale, Luc Chatel, qui verrait même son portefeuille élargi à la jeunesse et aux sports.

De même, la rumeur politico-médiatique donnait dimanche Roselyne Bachelot, proche de François Fillon, aux Affaires sociales à la place d'Eric Woerth et remplacée à la Santé par Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat sortante à l'économie numérique.

L'opposition n'a pas tardé à railler le "non-choix" de Nicolas Sarkozy, qui a finalement entendu ceux qui, dans sa majorité, François Fillon en tête, ne voulaient pas de Jean-Louis Borloo à Matignon.

"Tout ça pour ça", a dit le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault.

"On savait que cela allait se terminer comme ça", a-t-il ajouté. "Cela veut dire que, de toute façon, c'est la même politique qui va continuer. Quand on est président de la République, on devrait avoir un petit peu plus le sens du respect des Français parce que les ministres (...) ont la tête ailleurs depuis des mois au lieu d'être concentrés sur les problèmes de la France."

Service France, édité par Yves Clarisse