Sarkozy pourrait profiter du clash avec l'ue au sujet des roms

Des analystes estiment que la multiplication des critiques étrangères sur sa politique à l'égard des Roms ne va pas décourager Nicolas Sarkozy, dont l'objectif prioritaire est de consolider le coeur de son électorat. Pour Gaël Sliman, directeur de l'insti - -
par Yann Le Guernigou
PARIS (Reuters) - La multiplication des critiques étrangères sur sa politique à l'égard des Roms, qui a culminé jeudi avec un vif échange avec l'exécutif européen ne va pas décourager Nicolas Sarkozy, dont l'objectif prioritaire est de consolider le coeur de son électorat, estiment des analystes.
L'image de la France en Europe en a sans doute souffert, mais cette préoccupation n'est pas majeure dans l'opinion, ajoutent-ils.
"Une grande partie de l'électorat de droite ne perçoit pas forcément cette affaire de manière négative", dit François Miquet Marty, directeur de l'institut Viavoice.
"Le chef de l'Etat agit sur une question qui n'est pas mineure pour les Français et les tensions sur le sujet avec une Commission européenne jugée inefficace peuvent se révéler porteuses", ajoute-t-il.
"S'opposer à une Europe considérée dans l'opinion comme mollassonne et libérale peut renforcer sa crédibilité", estime de même Gaël Sliman, directeur de l'institut BVA Opinion.
Le premier souligne que les enquêtes d'opinion font apparaître que la présence des Roms en France est très mal perçue dans l'électorat populaire, pour qui la question de l'image de la France sur la scène internationale "ne pèse pas lourd par rapport aux réalités quotidiennes".
"Et pour lui, une indignation moraliste est toujours mal perçue", ajoute-t-il.
S'y ajoute une cote de popularité de Nicolas Sarkozy qui reste au plus bas. Citant une étude récente, François Miquet-Marty note que seulement six pour cent des ouvriers et 25% des sympathisants de droite ont une "très bonne" opinion du chef de l'Etat.
STATURE PROTECTRICE
"Il ne peut pas se permettre que l'adhésion pleine et entière à sa politique descende plus bas, ces chiffres ne peuvent pas ne pas l'alarmer."
A Bruxelles, un diplomate européen jugeait vendredi que le président français avait pris un "gros risque" avec sa sortie contre la Commission européenne au moment où il s'apprête à entamer une séquence internationale importante pour son image: il prendra en novembre la présidence du G20, qu'il cumulera à partir du 1er janvier avec celle du G8.
"Nicolas Sarkozy devrait se servir avant tout de cette séquence pour consolider et rappeler sa stature protectrice sur le plan intérieur", dit Gaël Sliman, pour qui le chef de l'Etat est à son avantage quand il joue la rupture avec l'ordre mondial pour tenter de préserver le plus possible le modèle français.
Mais, plus qu'une image de la France dégradée, le plus grand risque pour cette période serait que l'opposition à la réforme des retraites ne désarme pas. "Elle sera votée mais cela ne signifie pas que ce sera terminé. Si la rue continue de se mobiliser, on oubliera le reste", note Gaël Sliman.
Un autre danger pour le chef de l'Etat, qui avait réussi une synthèse de la droite pour se faire élire en 2007, tient aux réserves de plus en plus manifestes de l'électorat de centre droit, exaspéré par des postures sécuritaires et anti-européennes qu'il juge populistes.
Cet électorat, représenté autrefois par le CDS puis l'UDF, représente entre 10% et 15% du corps électoral. Nicolas Sarkozy, qui n'a pas beaucoup regagné jusqu'ici d'intentions de vote sur le Front national, ne peut se permettre de le perdre.
Avec Julien Toyer à Bruxelles, édité par Gilles Trequesser