Sarkozy et le dalaï-lama : le débat

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Nicolas Sarkozy ne rencontrera pas le dalaï-lama pendant le séjour de ce dernier en France à partir du 11 août. L'Elysée l'a annoncé, précisant que le leader spirituel tibétain ne l'avait pas « demandé ». En revanche, le Président Français a choisi de déléguer symboliquement son épouse, Carla Bruni-Sarkozy, à la cérémonie religieuse présidée par le dalaï-lama lors de l'inauguration d'un temple bouddhique dans l'Hérault le 22 août. A droite comme à gauche, les réactions ne se sot pas faites attendre.
Lionel Luca, député UMP des Alpes Maritimes, président du groupe Tibet à l'Assemblée Nationale était au micro de Jean-Jacques Bourdin ce matin. Il a fermement condamné l'attitude du Chef de l'Etat : « C'est une erreur de la part de Nicolas Sarkozy. Le fait qu'il se rende à Pékin pour la cérémonie d'ouverture des JO exigeait à tout le moins un équilibre. Le dalaï-lama va rester 15 jours en France, sans rencontrer le Chef de l'Etat ? Certes, comme le précise l'Elysée, le dalaï-lama ne l'a pas « demandé », mais on sait très bien qu'à chaque fois qu'il se rend dans un pays étranger, il veille à ne pas mettre en difficultés les autorités politiques. Donc, c'était plutôt à l'Elysée de faire signe et de manifester son souhait de trouver une circonstance pour se rencontrer. Je regrette que ça n'ait pas été le cas. »
Jean-Louis Bianco, député PS des Alpes de Haute Provence et vice président du groupe Tibet à l'Assemblée Nationale, « partage cet avis » : « Je crois que c'est vraiment étrange et c'est en effet pour le moins un subterfuge. Beaucoup de Chefs d'Etats ou de gouvernements, Angela Merkel en Allemagne, Gordon Brown en Angleterre, George Bush aux Etats-Unis, ont reçu, parfois à plusieurs reprises le dalaï-lama. Il était possible au Président de la République française de le faire, avant cette venue en France ; il était possible de le faire maintenant. On ne peut pas dire « ce n'est pas à la Chine de fixer mon agenda, ni de dicter mes rendez-vous » comme l'avait dit Nicolas Sarkozy après une remarque blessante de l'Ambassadeur de Chine à Paris, et puis donner l'impression qu'on se couche tout simplement devant les exigences chinoises.
Par ailleurs, malgré toute la sympathie qu'on peut avoir pour Carla Bruni, c'est pas tout à fait la même chose. J'ajoute qu'il s'agit ici de politique, de droits de l'Homme, de liberté, et en l'occurrence de celle pour les Tibétains de pratiquer leur religion, de s'exprimer, d'avoir de l'autonomie. Une cérémonie religieuse (comme celle où va se rendre Carla Bruni en août), c'est quelque chose d'une autre nature, dans lequel à mon avis, l'Etat n'a pas à entrer. »