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Sarkozy en Andorre, ex-paradis fiscal frappé par la crise

Nicolas Sarkozy s'est rendu jeudi en Andorre pour une visite de trois heures, un exercice rituel pour tout président français, co-prince de cette principauté vieille de sept siècles, ex-paradis fiscal frappé de plein fouet par la crise économique espagnol

Nicolas Sarkozy s'est rendu jeudi en Andorre pour une visite de trois heures, un exercice rituel pour tout président français, co-prince de cette principauté vieille de sept siècles, ex-paradis fiscal frappé de plein fouet par la crise économique espagnol - -

par Emmanuel Jarry ANDORRE-LA-VIEILLE (Reuters) - Nicolas Sarkozy est arrivé jeudi en Andorre pour une visite de trois heures, un exercice rituel...

par Emmanuel Jarry

ANDORRE-LA-VIEILLE (Reuters) - Nicolas Sarkozy est arrivé jeudi en Andorre pour une visite de trois heures, un exercice rituel pour tout président français, co-prince de cette principauté vieille de sept siècles frappée de plein fouet par la crise économique espagnole.

"Un climat mitigé attend Sarkozy", titre Diari d'Andorra, un des quotidiens de ce petit territoire montagneux de 468 km2 et 84.000 habitants, enclavé dans les Pyrénées entre France et Espagne, seul pays au monde à avoir deux chefs d'Etat, le président français et l'archevêque espagnol d'Urgell.

La principauté d'Andorre, qui ne s'est dotée d'une Constitution qu'en 1993 et dont la langue officielle est le catalan, a longtemps été sur la liste des paradis fiscaux montrés du doigt, notamment par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Mais elle a aujourd'hui des airs de paradis perdu, avec ses agglomérations aux innombrables hôtels, aux magasins et aux rues désertés par les touristes, qui venaient il y a peu encore en masse profiter de prix attractifs grâce à une fiscalité très accommodante - une clientèle à 70% espagnole et à 30% française.

Les trois moteurs de l'économie locale sont le commerce et le tourisme (60%) et les activités financières (16%).

Aux répercussions de la crise en France et, surtout, en Espagne, s'ajoute la chasse aux paradis fiscaux déclenchée à la suite de la crise financière internationale de 2008, dont Nicolas Sarkozy est un des champions les plus ardents.

Le président français a menacé en mars 2009, devant les députés de son parti, l'UMP, d'abdiquer ses fonctions de co-prince si Andorre ne cessait pas d'être un paradis fiscal.

Depuis lors, la principauté a signé une série d'accords d'échange d'informations fiscales, notamment avec la France, et adopté une loi levant partiellement le secret bancaire (en cas de requête d'autorités étrangères). Elle est également sortie de la "liste grise" de l'OCDE.

SARKOZY SNOBE LES "PAROISSES"

L'épisode a cependant laissé des traces. Le Diari d'Andorra souligne ainsi que la première visite d'un co-prince français depuis celle du président Jacques Chirac le 16 septembre 1997 se déroule "à l'ombre de la crise des paradis" fiscaux.

Tous les journaux andorrans rappellent la menace de Nicolas Sarkozy. Le quotidien BonDia estime ainsi qu'il "ne pourra pas ignorer les avancées qui ont été réalisées (...) depuis que les relations avec le voisin du Nord se sont tendues".

Tous citent aussi le chef du gouvernement social-démocrate, Jaume Bartumeu Cassany, qui veut voir dans la visite de Nicolas Sarkozy une illustration des "bonnes relations institutionnelles" entre la principauté et la France.

Cette visite doit "confirmer que les doutes sur d'éventuelles situations de confrontation entre le gouvernement et le co-prince français sont dissipés", a-t-il ainsi déclaré, selon El Periodic d'Andorra.

Mais la presse andorrane mentionne aussi les critiques de dirigeants locaux, qui reprochent au président français la brièveté de sa visite.

Contrairement à ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy ne fera pas la tournée des sept "paroisses" de la principauté (les sept vallées qui constituent autant de territoires administratifs).

Selon le Diari d'Andorra, le maire d'Ordino, l'une de ces paroisses, a décidé de boycotter la visite du président.

Nicolas Sarkozy, arrivé en hélicoptère à Andorre-la-Vieille à 11h50, avec 20 minutes de retard sur l'horaire prévu, et le collier de co-prince autour du cou, devait se contenter de deux discours, l'un devant le Parlement andorran, la "Maison des Vallées", l'autre sur la Plaça del Poble.

Il s'entretiendra en outre avec Jaume Bartumeu Cassany et rencontrera Mgr Joan Enric Vivès, archévêque d'Urgell et autre co-prince d'Andorre.

La presse andorrane se fait également l'écho d'une controverse sur la décision des autorités de la principauté de fermer les commerces, les bureaux, les administrations et autres activités entre 11h00 et 14h30 locales, pendant la durée de la visite présidentielle française.

Edité par Sophie Louet