"Rien n'a été fait ou rien n'a été efficace": un maire agressé en 2020 témoigne
Avoir voulu faire respecter une interdiction de camping sauvage aura valu des coups et des menaces à Francis d'Hulst. Le maire délégué de Portbail, dans la Manche, a raconté sur BFMTV son agression par un campeur au cours de l'été 2020.
"Si on en est là, à encore en parler aujourd’hui, c’est que rien n'a été fait ou que rien de ce qui a été fait n’est efficace", lance Francis d'Hulst.
Des arrêtés à faire respecter
En août 2020, alors que la commune de Portbail était concernée par plusieurs arrêtés interdisant le camping sauvage et les feux de forêt, Francis d'Hulst dépose les textes sur l'installation des campeurs en leur absence, avant de se rendre à nouveau sur place le lendemain.
L'élu avait constaté que les vacanciers avaient fait du feu à proximité d'une forêt de pins alors que la saison estivale battait son plein.
Le 6 août, il va, seul, à la rencontre de trois campeurs qui "n'avaient pas l'intention de bouger". Et le ton monte rapidement: l'un d'eux menace Francis d'Hulst de "cramer sa voiture". Le maire délégué prévient alors de son intention d'appeler la gendarmerie et c'est en se dirigeant vers son véhicule qu'il reçoit alors "deux coups de poings derrière la nuque", selon son témoignage sur le plateau de l'émission Touche pas à mon poste un an après son agression.
D'abord un simple rappel à la loi
La plainte de Francis d'Hulst avait d'abord été classée sans suite, le vacancier violent s'en sortant avec un simple rappel à loi.
"On m’a expliqué que, quelque part, j’avais agressé mon agresseur en disant 'attention j’appelle les gendarmes', déclenchant une réaction", raconte-t-il.
"Il a fallu que nous nous battions avec d'autres élus pour faire reconnaître que nous étions des agressés et non pas des personnes qui prenions des risques", nous explique encore le maire délégué.
Ce n'est qu'en décembre 2020 que le tribunal correctionnel de Cherbourg condamne à trois mois de prison ferme le vacancier auteur des faits de violence, un homme "récidiviste qui avait déjà sept condamnations au casier judiciaire", précise Francis d'Hulst.
"Les élus sont des gens qui s’engagent, qui prennent sur le temps et leur vie de famille" et si rien ne change, "pour les prochaines élections il n’y aura plus personne", poursuit-il.
A l'époque, quelques jours après cette agression, le sénateur de la Manche Philippe Bas avait demandé un plan d'urgence pour protéger les maires et avait transmis un courrier au premier Ministre alors fraîchement nommé, Jean Castex, pour faire porter les recommandations du Sénat.