Réforme des retraites: LR et le gouvernement font un premier pas l'un vers l'autre

Emmanuel Macron, ici avec sa Première ministre Elisabeth Borne, le 18 juin 2022, recevra ce mardi les représentants des forces politiques à l'Elysée - GONZALO FUENTES © 2019 AFP
Un compromis politique en bonne voie? Élisabeth Borne s'apprête à dévoiler ce mardi sa réforme explosive des retraites au cours d'une conférence de presse à laquelle devraient participer plusieurs ministres. Selon les dernières tendances, la Première ministre devrait finalement proposer un report de l'âge légal de départ à 64 ans et non 65 ans, contre 62 ans actuellement.
Selon les informations de L'Opinion, confirmées de sources concordantes à BFMTV, c'est cette hypothèse - qui se ferait au rythme de trois mois par génération afin d’arriver à cet âge pour les personnes nées à partir de 1968 - qui est "privilégiée par le gouvernement".
En déplacement à Denain, dans le Nord début décembre, le président de la République s'était laissé cette porte de sortie s'il ressentait "trop d'angoisse" de la part des Français.
LR obtient gain de cause sur les 64 ans
Une porte de sortie qui est également politique pour l'exécutif. La marge de manœuvre du gouvernement se retrouve restreinte par son absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale. Afin d'entériner cette réforme sans passer par le 49.3, l'exécutif doit se tourner vers des alliés de circonstance: Les Républicains (LR).
Seulement, le parti de droite a d'abord rechigné à supporter cette réforme en témoigne la sortie du chef des députés LR, Olivier Marleix, qui assurait ne pas soutenir la réforme avec l'âge légal à 65 ans. "Agiter ce chiffre de 65 ans aujourd'hui, alors que le gouvernement ne fait aucun effort par ailleurs de réduction de la dépense publique, cela ne serait pas compris par les Français, ce serait compris comme une provocation" et "on ne soutiendrait pas cette réforme", affirmait le président des députés LR, demande d'y aller "pas à pas".
Dans une interview accordée au JDD, le nouvel homme fort des Républicains, Éric Ciotti, se dit prêt à "voter une réforme juste" des retraites et pense avoir été entendu par le gouvernement après avoir demandé à la Première ministre "d'atténuer la brutalité de la réforme".
"Politiquement, la droite de gouvernement a toujours soutenu la nécessité d'une réforme des retraites qui conduit à travailler un peu plus", justifie-t-il encore.
Un rapprochement accéléré par les appels du pied répétés des membres du gouvernement. Ce dimanche toujours auprès du JDD, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal en a appelé "à la cohérence de chacun et notamment des Républicains" pour faire passer cette réforme.
"S on compte les députés issus des deux camps, il y a une majorité! Je dis aux LR: on ne peut pas remettre à demain ce qu'on voulait hier. [...] Accompagnez une réforme que vous avez appelée de vos vœux", martèle-t-il. Une majorité qui, arithmétiquement, exempterait l'exécutif d'un passage par la case 49.3.
À gauche, la contestation
En revanche, le gouvernement ne peut prétendre trouver des alliés plus à gauche sur l'échiquier politique. Ces dernières semaines, plusieurs personnalités politiques se sont succédées afin de montrer leur désaccord avec cette réforme. C'est le cas de l'eurodéputée Manon Aubry qui pointe une réforme "pas utile et pas nécessaire."
"On pousse l’âge de départ à la retraite plus rapidement que ne progresse l’espérance de vie et c’est pour ça que le mois de janvier doit être celui de la grande mobilisation générale", assure-t-elle à notre antenne.
Samedi, la députée insoumise Danielle Simonnet, invitée de BFMTV, dénonçait "la politique libérale menée par Emmanuel Macron" qui est "d'une maltraitance sociale sans borne."
Le si décrié texte sera examiné en Conseil des ministres le 23 janvier mais les syndicats, qui se réunissent mardi soir, envisagent de mobiliser avant cette date, alors qu'à gauche la Nupes tient meeting les 10 et 17 janvier et que LFI manifeste le 21.
Le projet de loi doit passer en commission à l'Assemblée nationale à partir du 30 janvier, et dans l'hémicycle le 6 février, pour deux semaines, selon des sources parlementaires.